Si tu veux quelque chose dans la vie, prends-le.

Pour sa cinquième réalisation, à la fois en tant que scénariste, producteur et metteur en scène, Sean Penn s’inspire d’un récit relatant l’histoire réelle de Christopher McCandless, un brillant étudiant qui a tout plaqué pour vivre une grande aventure sur le sol américain, avec ses propres moyens. Le réalisateur développe une histoire d’une grande sagesse, mettant bien en contexte un grand solitaire usant de de tout pour se jouir d'une liberté individuelle. Je dois dire que cette histoire m’a un peu surpris. S’enfuir et rester en dehors des principes quotidiens n’est certainement pas la meilleure façon pour exprimer un refus d’obéir aux règles de la vie. D’habitude, les gens manifestent, font signer des pétitions ou se révoltent contre un gouvernement. Lui, Christopher McCandless, a choisi plutôt la voie de la lâcheté, en perpétuant à trouver son bonheur juste en marchant dans la nature et à aller là où cela le chante.


Cette définition du bonheur est très bien exprimée par une mise en scène mettant tout à fait à l’évidence la pure et véritable solitude, en bourrant le plus possible de plans où le protagoniste principal se manifeste seul. Pour raconter une histoire ayant duré au moins deux ans, Sean Peen s’est bien débrouillé pour la résumer en une durée de visionnage de 148 minutes, en accentuant vraiment à fond sur les efforts, la persévérance et la détermination de l’étudiant obstiné à croire que le bonheur est celui qui est en train de vivre. Et le grand atout du film vient surtout de la superbe interprétation de l’acteur Emile Hirsch campant avec brio le jeune étudiant soif de découvertes, de rencontres et de liberté. Évidemment, il n’avait pas grand choses à faire, il passe la plupart du temps à marcher qu’à discuter avec les quidams qu’il croise sur son chemin.


Mais on peut sentir un sens de l’humanité profond et exemplaire dans la plupart des situations se produisant pendant le visionnage, où toute discussion ou apprentissage est bon à prendre. C’est que le réalisateur veut nous faire croire, c’est que l’acteur cherche à nous le confirmer. De plus, on peut s’apercevoir quand un inconnu se lance dans un projet à la fois fou et atypique comme découvrir le monde, les humains sont prêts à le soutenir du mieux qu’ils peuvent. Ces derniers sont bien représentés par un casting loyal et composé d’acteurs sérieux comme Kristen Stewart, Vince Vaughn, William Hurt ou Jena Malone.


En plus d’un casting bien plus que valable, visionner ce long-métrage est comme être plongé dans une poésie écrite avec des mots justes et touchants. Sans parler des magnifiques décors de la nature américaine, dévoilant une Amérique incroyablement riche en diversité en animalerie et en botanique. On peut reprocher à la limite de quelques lenteurs, voire des scènes assez lourdes et même répétitives mais le réalisateur n’en fait jamais trop, il dose avec adresse les contraintes et les avantages de construire une vie avec les moyens du bord. Les musiques accompagnant certaines scènes sont sensibles, fortes et efficaces pour encore nous faire submerger dans ce récit si accessible et si émotionnel, jusqu’à la fin malheureuse du long-métrage, affichant avec intensité une bien autre définition du bonheur que celle qui se donnait pendant tout le reste de la production. 7/10



Penser que la vie humaine ne peut être régie que par la raison, c'est nier la possibilité même de la vivre.



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le 7 janv. 2019

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LeTigre

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