Il est certaines filmographies qu’on suit depuis si longtemps qu’il nous vient l’envie irrépressibles de combler ses petits manques. Des frères Coen, il ne me manquait que celui-ci, et le suivant, à la réputation encore pire, Ladykillers.
Les Coen, c’est un peu comme Woody Allen : pour peu qu’on ait gouté et apprécié leur univers, on a foncièrement envie d’y retourner. Ici, le prologue annonce la couleur : grotesque et outrancier, le monde matrimonial et ses manigances entre avocats ne va pas s’embarrasser de psychologie ou de finesse.
Au centre des débats, Clooney cabotine comme rarement et son endive de comparse, Zeta Jones se contente de laisser ses cheveux jouer à sa place.
Le film se voudrait une relecture des comédies de remariage mâtiné d’un screwball, et c’est tout sauf réussi. Pesant, très rarement drôle, incohérent au possible, il est en tout point indigne du talent des frangins en matière de comédie, qu’elle soit grinçante (Fargo) ou loufoque (The Big Lebowski), absurde (Barton Fink) ou bon enfant (Le Grand Saut).
Le problème majeur réside dans l’absence évidente de distance par rapport au sujet. Si, par exemple, Burn After Reading était aussi un opus mineur, il s’attachait à portraiturer des imbéciles et pouvait brandir l’excuse de la parodie. Ici, la tournure de romance que prend le récit fait des personnages des fantoches dénués de toute substance, désactivant tout attachement à leurs frasques ineptes qu’ils tentent de compenser dans des grimaces fatigantes.
Il reste un point positif à ce film : les coups de mou peuvent exister sans pour autant condamner une carrière entière : succèdera à cette période des splendeurs comme No Country for Old Men ou Inside Llewyn Davis. Leur retour récent à la comédie avec Ave César, s’il n’est pas non plus un sommet dans leur potentiel comique, reste honorable par rapport à cette petite chose oubliable.