Invincible
Invincible

Film de Blacky Ko (1992)

Blacky Ko, comme bon nombre de personnalités du cinéma de Hong Kong, avait de nombreuses casquettes. Il était un des meilleurs cascadeurs de l’industrie locale, spécialisé par les cascades motorisées ; il a réglé les scènes martiales de plusieurs dizaines de films ; il a joué dans pas moins de 184 films ; et il a même fait carrière dans la chanson. Il y a une facette de lui qu’on connait un peu moins, c’est celle de réalisateur avec 8 films au compteur, de Curry and Pepper (1990) à Hero from Beyond the Boundary of Time (1993), en passant par Days of Being Dumb (1992). Mais il a également mis en scène une bobine un peu à part dans l’industrie cinématographique hongkongaise, Invincible (1992), puisque c’est, à ma connaissance, le seul film HK sur la Légion Étrangère française, nous proposant pour le coup une histoire et des lieux peu communs. Et rien que pour ça, ça en fait une petite curiosité pour les amateurs du cinéma de l’ex-colonie Britannique.


Kit, interprété par Dave Wong Kit, en voulant aider son frère, se frotte aux triades et tue un de leur membre qui s’en est pris à la femme qu’il aime. Kit et cette dernière doivent vite partir et vont trouver refuge en France, à Paris, où ils vont essayer de gagner de l’argent comme ils le peuvent. Mais lorsqu’ils sont rattrapés par les triades, la jeune fille part se cacher dans un couvent, et Kit s’engage dans la Légion Étrangère qui va l’envoyer en Afrique, en plein désert. Là, il n’aura d’autre choix que de subir un entrainement extrêmement difficile, mais qui lui servira lorsqu’il faudra se venger des triades. Invincible va mélanger les genres. Il commence comme un film de triades, devient un mélo à tendance romantique le temps de quelques minutes, bifurque ensuite vers le film de guerre, avant de revenir au film de triades histoire de boucler la boucle. Le long passage en plein désert, à la Légion Étrangère, est celui qui marque le plus les esprits tant la façon dont Blacky Ko dépeint ce régiment est caricaturale au possible, avec des soldats qui ressemblent plus à des mercenaires de bas étage sans aucun honneur ni aucune morale, un endroit où règne la masculinité toxique. Et apparemment, au royaume de la Légion Étrangère, ceux qui ont un demi-cerveau sont rois. Ils sont tous aussi couillons les uns que les autres, passent leur temps à se chambrer, à se mettre sur la gueule pour tout ou rien, à concourir pour qui a la plus grosse, et n’hésitant pas à sauter sur la première prostituée venue. Mention spéciale au personnage de Billy Blanks (TC 2000, King of Kickboxers) dans le rôle de l’américain noir gay qui va sodomiser le frêle japonais. Voyez-y ce que vous voulez y voir. On y voit leur entrainement à la dure, comme courir avec des rondins sur le dos ou piétiner du sable a 50° pendant cinq minutes. Blacky Ko intègre à son film de vraies images de la légion étrangère, comme lorsqu’ils défilent sur les Champs Élysées le 14 juillet par exemple, pour amener semble-t-il plus de « véracité » à sa représentation de la chose. Bien entendu, l’exagération typique du cinéma de Hong Kong n’est ici à aucun moment présente… Hum… clairement, Invincible est un film sans aucune finesse, sans aucun tact, ce qui est clairement une faiblesse, mais également une force lorsqu’il faut faire parler la poudre.


L’action est mal repartie, essentiellement présente lors de l’introduction et sur la dernière demi-heure. Une grosse partie du film est dédiée à l’entrainement de la Légion Étrangère. On les voit s’entrainer, passer diverses épreuves, faire des petits séjours en prison, se divertir, … Mais lorsque l’action se lance, on est dans quelque chose qui fait clairement sortir Invincible de la masse de séries B burnées mais interchangeables qui ont vu le jour dans les années 85/95 à Hong Kong. Cette action est intense, explosive, avec entre autres une scène de guerre pure et dure où ça mitraille dans tous les sens et où ça balance beaucoup de grenades. Blacky Ko aime les effets pyrotechniques et ça se sent jusque dans le long et réellement excellent gunfight final, qui vaut à lui seul le visionnage du film, comme on en faisait beaucoup dans les actionneurs HK de l’époque, à deux contre 50, où le maitre mot est « bourrinage intensif ». Il y a pas mal de cascades comme on aurait pu s‘en douter avec Blacky Ko, des cascades qui font parfois bien mal avec du mobilier et surtout bon nombre de vitres qui sont explosées, et des cascadeurs, mais aussi parfois même les acteurs eux-mêmes, qui semblent se faire bien mal. On se demande même parfois si les vitres contre lesquelles ils sont balancés ne sont pas en vrai verre tant le résultat à l’écran semble réel. Il suffit de voir la scène où la tête de Blacky Ko est projetée contre une fenêtre pour réellement se poser la question. Niveau casting, on est sur une belle brochette de têtes connues du cinéma de Hong Kong, certains dans des petits rôles, avec pour une fois un Danny Lee qui n’interprète pas un policier. Mais ce qui ressort, c’est qu’une majorité des acteurs est en surjeu total, en particulier les nombreux gweilos présents au casting. Il suffit de regarder la moindre scène dans laquelle apparaissent Billy Blanks ou Stefanos Miltsakakis (Le Grand Tournoi, Best of the Best 2) pour comprendre qu’on leur a juste demandé de bander les muscles, d’avoir l’air crispé et de gueuler fort. Ça accentue encore plus le côté bourrin assumé d’Invincible.


Plutôt rythmé, prenant place dans des lieux inhabituels pour un film HK (à Paris, dans un camp de la Légion Étrangère dans le désert), Invincible est une sympathique série B bourrine dont le gros gunfight final vaut à lui seul le visionnage du film.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-invincible-de-blacky-ko-1992/

cherycok
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le 14 mars 2024

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