Invitation en enfer
4.6
Invitation en enfer

Téléfilm de Wes Craven (1984)

En plus d'une dizaine de films dont les plus fameux en ont fait un 'master of horror', Wes Craven a tourné quelques téléfilms. Leurs cotes sont très médiocres, au point de surpasser les quelques opus considérés comme les boulets du cinéaste (Cursed, La ferme de la terreur). Malgré ses nombreux défauts, Invitation to Hell ne mérite pas une telle réputation. Quand il le tourne (en 1984 pour ABC), Craven doit assumer l'échec de Swamp Thing et prépare un monument du slasher (Les griffes de la nuit). Le résultat est un produit bis de son époque, inventif avec ses moyens modestes, opportuniste et aimable ; dans un premier temps, par second degré ou paresse, avant de gagner en intérêt et d'arracher des points au culot, comme souvent avec Craven.


Le film s'ouvre sur l'aménagement d'une famille en Californie. Le père, un scientifique, intègre une nouvelle entreprise et côtoie une communauté (mise en avant de manière globale, ses représentants étant rares et tous attachés à la corporation) dont la nature douteuse ne fait aucun doute. Avec candeur et aplomb, Invitation file sa métaphore sur la cooptation sournoise (le 'club' nécessaire à l'ascension sociale, les laïus de madame Winslow sur le pouvoir). Ce discours est illustré par une espèce d'index de la SF, aux références hybrides, plus (L'Invasion des profanateurs de sépultures) ou moins explicites. Pour fabriquer une esthétique concentrationnaire, Hub Braden (décors) associe parodie de l'american way of life et clichés sur la technologie de la pointe, pendant que les maquilleurs forcent sur la poudre, le gloss, les costumiers sur les dégaines de kapos post-rationnels.


Quelques échappées cheap mais téméraires sont à noter : la courte descente aux Enfers ressemble à un mix du cinéma d'aventures US et du gothique anglais des années 1960 ; le crématoire (renvoyant à Fahrenheit 451 – et pour le cinéphile des années 2000 à Equilibrium), astucieusement employé pour doper les fantasmes ; l'usage, lors de séquences finales, d'une 3D très laide et hasardeuse, mais néanmoins facile à endurer. Invitation sert mieux ses aspirations esthétiques quand il se soucie du pittoresque (quelques 'exploits' kitschs, notamment avec ces femmes 'fatales' from outer space), plutôt que de la beauté pure. En raison de son manque d'autonomie, la chute dans la désuétude lui était garantie ; l'avantage c'est de connecter ce produit à de nombreuses œuvres plus fameuses. On peut par exemple y voir aussi un avant-goût de Society de Yuzna (1988). Mais seul un public 'averti' ou patient en profitera vraiment, la chose étant sûrement trop lente et lourde (le tunnel autour du chien bat des records).


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Zogarok
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le 5 févr. 2016

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