L'homme au masque de fer

Stark. Tony. Milliardaire. Playboy. Dilettante aux allures de rock star. Marchand d'armes. Armes qui provoqueront sa perte... Et sa renaissance.

Que ce soit au Vietnam hier, ou au fond d'une grotte afghane aujourd'hui, ses origines, son univers, ses capacités et son évolution, du champ de bataille à la menace plus technologique, demeurent les mêmes. Tandis qu'une armure de bric et de broc, son habileté, son génie et l'assistance de Yinsen lui permettent d'échapper à ses geôliers.

Iron Man aura beau proposer dès sa première aventure trois versions différentes de l'armure, Jon Favreau choisit d'appliquer la même formule que celle retenue par Sam Raimi pour son Spider-Man : s'intéresser plus à l'homme qu'à son alter ego de métal. Un homme beaucoup plus cynique et désinvolte que l'étudiant timide, maladroit et sans le sou.

Mais un homme conduit à se remettre en question, à interroger les origines de sa fortune , l'utilisation de son intellect et son influence sur le monde. L'évolution de Tony Stark tout au long du film est la traduction, à l'écran, de la recherche du positionnement moral d'un homme nouveau qui a échappé à la mort.

Jon Favreau prend donc tout son temps pour observer son héros, ne conférant aux apparitions d'Iron Man que plus de prix, laissant ses origines doucement monter en puissance dans un processus de création de son attribut super héroïque sang et or, avec tout ce que cela comporte de tâtonnements, d'essais et d' epic fail burlesques.

Aucun besoin dès lors de scènes d'action nombreuses, incessantes et cadencées pour remplir l'image puisque l'ego de Tony Stark l'occupe en grande majorité. Juste ce qu'il faut pour illustrer son évasion déchainant les flammes, son changement de perspective concernant les conflits qu'il nourrit de sa marchandise, puis, enfin, le passage obligé du combat final homérique contre son père de substitution incarné par un Jeff Bridges étincelant.

Iron Man happe tout de suite l'attention du spectateur par la haute tenue de ses effets spéciaux ou encore par la représentation des différentes armures du super héros, douées de vie grâce à l'expertise du Stan Winston Studio et la supervision conceptuelle de l'artiste Adi Granov. Mais sa réussite la plus grande tient presque toute entière dans le choix, pour incarner Tony Stark, d'un Robert Downey Jr en quête de rédemption, qui relève haut la main le défi de rendre immédiatement sympathique ce qui n'est, au fond, qu'un égocentrique voulant s'acheter une boussole morale.

Pour sa première production en solitaire, Marvel Studios a enfin les moyens d'affirmer que l'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, en posant, rétrospectivement, la première pierre taillée avec un soin de chaque instant d'une formidable entreprise d'adaptation de son patrimoine. La Phase 1 d'un univers partagé cohérent rendu envisageable sur la base d'un malentendu : l'ajout tardif d'une scène post générique improvisée lançant l'idée d'un rassemblement.

Un heureux accident qui prospèrera pendant plus de dix ans...

Behind_the_Mask, qui se dit que Tony Stark est peut être un supporter du R.C. Lens.