Ancien marchant d'armes Tony Stark a décidé de mettre ses talents au service de la liberté en devenant Iron Man, super héros qui mènera les Avengers à la victoire contre Loki, sauvant ainsi New York et donc le monde... puisqu'on sait tous qu'en dehors de New York (ou Los Angeles à la rigueur) le monde, ça ne veut pas dire grand chose. Bref Tony Stark est un peu traumatisé par les évènements de New York et il passe ses nerfs en construisant tout un tas de prototype d'armures dont il se sait que faire. Ca tombe bien puisqu'un nouveau super vilain fait son apparition : le Mandarin, un leader terroriste qui menace nes États-Unis (et là, subitement, les USA ce n'est plus le monde pour les Avengers qui n'interviendront donc pas).
Tony Stark, Tony Stark outragé ! Tony Stark brisé ! Tony Stark martyrisé ! mais...
... mais en fait pas du tout !
Alors que la bande annonce se la joue tragique comme la mort, que les affiches laissent entrevoir un volet sombre et torturé, le film est en réalité une grosse farce, au sens presque littéraire du terme. Après un premier volet correct mais fade et un second opus simplement nullissime Jon Favreau laisse la place à Shane Black, scénariste culte des années 80 et réalisateur du génial "Kiss Kiss Bang Bang" qui ressuscita la carrière de Robert Downey Jr., aujourd'hui interprète de Tony Stark/Iron Man donc.
Et Iron Man 3 porte définitivement plus la marque de son auteur que de sa licence, ce qui explique sans doute sa réussite. Il suffit de voir le début du film où Tony Stark fait un narrateur lamentable, balançant une référence sans la comprendre puis préférant revenir en arrière pour recommencer sa narration pour se retrouver plonger en plein "Kiss Kiss Bang Bang". Puis après on croise un assaut de villa à l'hélicoptère comme dans "L'arme fatale", puis un décorum de noël, puis des punchlines-mitraillettes, puis une dynamique permanente de duo dans les dialogues, puis des hommes de mains adeptes de la digression... On assiste à un condensé des obsessions de Shane Black pour un résultat qui tranche avec les autres films de Super Héros. D'ailleurs il suffit de voir le scénario, bien plus cohérent que la moyenne, qui ne proposera pas réellement de sauvetage du monde, ni d'ambiance sombre à la Chris Nolan, ni de surenchère par rapport aux délires pyrotechniques d'Avengers. Iron Man 3 s'amuse avec l'exercice du blockbuster classique et le tourne régulièrement en dérision.
Oui les scènes d'actions ne cherchent pas forcément à être épiques mais privilégient les rixes aux chorégraphie sympa. Oui, les attitudes poseuses du héros sont moqué à la moindre occasion, comme lorsque cette armure s'écrase lamentablement au sol au lieu de venir protéger un Tony Stark attendant le torse bombé et le regard vengeur. Oui, le personnage du Mandarin n'a rien à voir avec le comic book et son rôle supposé est outrageusement raillé à travers un excellent Ben Kingsley dans un contre-emploi savoureux. Oui, Tony Stark est un peu con et un peu lourdingue mais il est souvent drôle, autour de lui les personnages secondaires ne laissent que peu de surprises mais ont tous un petit côté loufoque qui arrive à les faire (un peu) exister. Oui il y a très peu d'armure au final. Oui, Robert Downey Jr. fait du stand up tout le long du film mais les dialogues sont souvent chouettes. Oui, Iron Man est presque accéssoire. Oui, le film commence par du Eiffel 65 et c'est grotesque mais c'est sans doute la meilleure note d'intention possible.
Oui, c'est une GONZESSE qui pète la gueule au grand méchant du film, une nana qui devient, l'espace d'une scène, plus badass que Tony Stark n'a jamais été dans les films de Favreau.
Oui, Iron Man 3 se fout de ta gueule, toi public fan de Marvel ou de Blockbuster parfaitement huilé.
Oui, Iron Man 3 n'est en fait pas un film Iron Man mais, en fait, on s'en fout complètement.
Mais Iron Man 3 souffre d'un rythme un peu heurté, des passages obligés qu'on sent bien obligés, d'un Guy Pearce au personnage sous exploité, de placements produits honteux, de raccourcis qui taillent à travers les champs de la logique (c'est cool de reconstituer une scène de crime mais il le fait à partir de quoi au juste ?) et il faut bien avouer que ça ne vole pas non plus très haut, on reste tout de même dans des altitudes balisées. D'autre part les fans du personnage détesteront probablement, ils se sentiront peut-être même un peu insulté par le traitement complètement décalé de certains éléments.
Mais le film de Shane Black arrive à poser régulièrement une bonne scène comique et lorsqu'il se décide à passer à l'action ça reste lisible et parfois vraiment cool, comme lors du final : moment à la fois vraiment rythmé et parfaitement décalé. On peut légitimement parler de trahison, voir même de doigt d'honneur mais c'est fait avec un certain talent et ce qui est proposé à la place fonctionne plutôt bien.
En résulte le meilleur Iron Man au Cinéma... le meilleur Iron Man car ça ressemble plus à un film où le réalisateur s'est fait plaisir et nous le communique qu'à un bête produit repondant au cahier des charges. La réussite d'Iron Man 3 est d'avoir cette élégance, incroyablement rare sur un film de cette envergure, de proposer (un peu) d'audace dans le traitement de son sujet et de laisser pointer, derrière l'armure blindé du bloskbuster pété de thunes, (un peu) de personnalité.