Avec Irréversible, Gaspard Noé transcende le film de vengeance par sa mise en scène et son montage inversé, en racontant l'histoire à l'envers comme un énorme plan séquence. C'était à l'époque du jamais vu dans le cinéma français, et d'ailleurs ça l'est toujours aujourd'hui encore. Et puis irréversible c'est aussi un film d'une violence folle, mais attention c'est tout sauf une apologie de la violence ... bien au contraire, car on en ressort dégoûté. En cela, le cinéma de Noé c'est l'anti-Tarantino.
Irréversible est vraiment à l'image de son réalisateur, original, sans concession, toujours provocateur. On ne sait jamais qu'elle est sa limite et jusqu'où il peut aller, mais en tout cas on sent que ça peut aller très, très loin avec lui. C'est pire qu'un film d'horreur, tellement on a peur devant ce qu'il peut nous laisser voir. Et puis il y a deux des meilleurs acteurs de leur époque avec Vincent Cassel et Albert Dupontel. Une fois de plus ici encore, ils sont phénoménaux en nous faisant ressentir une réelle empathie pour leur personnage, malgré leur acte extrême.
Et puis il y a cette fameuse scène du viol de Monica Bellucci, insoutenable et interminable (neuf minutes). Gaspard Noé nous place dans la position de spectateur impuissant, une position de voyeur qui nous met dans une situation presque insupportable. Cette scène, et ce n'est pas la seule (la scène de l'extincteur entre autres aussi), a un réel impact sur le spectateur, à la limite de la nausée.
Irréversible est un film viscéral, traumatisant, un véritable coup de poing dans l'estomac, un film radical qui va au bout de ses idées et c'est un putain de bon film ... non, c'est même un chef-d'œuvre.