Irréversible est une incroyable expérience cinématographique. Ceux qui ne se complaisent que dans le cinéma conventionnel et sans surprises n'aimeront pas ce film, qui secoue autant par des scènes violentes que par la beauté du montage. Gaspar Noé choisit de filmer l'horreur telle quelle. Il y a deux scènes très dures, dont celle du viol qui dure très longtemps et trés realiste, c'est comme en temps réel... Mais le film a le bon goût d'être construit à l'envers : les scènes se succèdent à l'envers, le générique de fin est au début, c'est une succession de flash-backs. Toutes les scènes (une grosse dizaine) sont filmées en plans-sequences, elles durent parfois plus de 10 minutes. Heureusement que ça se déroule comme ça, parce que l'ordre logique, et terminer par les scènes de violence aurait été dur pour le moral. Ce choix narratif donne une profondeur supplémentaire au film. C'est là que prend son sens : "Irréversible" : on remonte le cours des événements, mais on voit qu'en fait ce déchaînement de violence était inevitable (l'impuissance de Dupontel à raisonner Cassel, Dupontel cédant lui aussi finalement aux pires pulsions). Après le film on remet tout en place, on cherche un peu les signes prémonitoires (qui renforcent encore l'idée d'irréversibilité), et ce que l'auteur a voulu faire passer comme message. Pour moi, l'idée directrice c'est : "nous sommes pas maitre de notre destin", et le réalisateur nous en donne la preuve expérimentale avec Alex. Globalement, je suis assez content d'avoir vu ce film, il donne à réfléchir par sa construction, et la fin (en fait le début) est pas mal, mais faut s'attendre à un voyage au bout de l'enfer pour la première partie