J'avais vu Irréversible (version 2002) et, du fait de son montage "antéchronologique", je n'y avais pas compris grand chose et dix-huit ans après, j'en avais un souvenir extrêmement flou, même du viol.
Irréversible (Inversion intégrale), c'est le même film, mais monté dans l'ordre chronologique. Il est quand même à remarquer que la version 2002 dure 97 minutes, alors que celle de 2020 n'en fait que 86. Onze minutes de moins, ça n'est pas négligeable. Je ne sais pas où Gaspar Noé a coupé, probablement dans la dernière partie quand on est dans la boite homo sado-maso, car vues dans le sens habituel, chronologique, toutes les scènes du début et de la partie centrale paraissent durer un maximum de temps. Ça fait même un peu remplissage. Le plan-séquence dans l'appartement paraît n'en plus finir. Les scènes dans le métro paraissent, elles aussi, longues, bavardes et étirées un max. Et la soirée chez des amis - où le mari, la femme et l'ex-mari de la femme (Vincent Cassel, Monica Belluci et Albert Dupontel) se rendent, dansent, etc. et que , lassée des excès de son mec, Alex (Belluci) quitte seule pour rentrer en taxi - dure le temps qu'il faut. Vient la fameuse scène du viol dans un passage souterrain soudainement perpétré sur Alex par un total inconnu. La scène est d'une violence inouïe et n'en finit plus. On a beau se dire que c'est du cinéma, c'est insupportable. In-sup-por-ta-ble. Atroce, épouvantable. Je doute que dans la vie réelle un viol (en plus, anal) puisse durer aussi longtemps. Rien ne nous est épargné. On a vraiment le sentiment que Gaspard Noé fait de la pellicule. Et comme la version 2020 nous montre les faits dans l'ordre chronologique, le spectateur n'est pas du tout dérouté et ne rate aucun détail ignoble et rien des "douces attentions" qui suivent le viol. Je ne sais pas comment Monica Belluci et Vincent Cassel, à l'époque son mari, ont pu accepter que la scène soit tournée telle qu'elle l'a été et qu'elle dure aussi longtemps (à vue de nez, douze à quinze minutes).
Ensuite, le film se focalise sur le mari (Marcus / Cassel) et l'ex-mari (Pierre / Dupontel) qui, au sortir de la soirée chez leurs potes, tombent sur l'attroupement suscité par la découverte de la jeune femme violée, au moment même où elle est emportée sur un brancard, inerte, ensanglantée et le visage en bouillie. Cette dernière partie, parce que maintenant présentée comme résultante de ce qui précède, se suit beaucoup mieux, bien qu'elle soit complètement déjantée. Elle aussi est extrêmement violente, quoique dans un autre genre que le viol. Presque immédiatement (et cette immédiateté est complètement invraisemblable, une facilité du scénario), Marcus et Pierre sont orientés vers celui qui aurait commis le viol et passage à tabac d'Alex ; il s'agirait d'un dénommé "Le Ténia" qui aurait ses habitudes dans la boite homo-sado-maso du coin. Et voilà, Marcus (qui a plus que pété un câble, est hors de lui) et Pierre (entraîné de force par Marcus) qui pénètrent dans cette boite, véritable antichambre de l'enfer, pour y localiser "Le Ténia". Au "Rectum" (c'est le nom de la boite), Gaspard Noé nous réserve un nouveau climax d'horreur et de violence. Là encore, il en fait des tonnes, insiste, insiste. Et on ne rate rien, en tout cas du meurtre qui y a lieu, puisque tout ça est montré dans l'ordre chronologique.


Par comparaison rétrospective, j'ai honte d'avoir mis "7" à la version de 2002, je lui ai donc retiré un point. La version 2020 m'est apparue dans toute son horreur. Je crois n'avoir jamais vu pire. Elle donne de l'humanité (et du cinéma) une image é-pou-van-ta-ble.
Sincèrement, je ne pense pas qu'on puisse appeler ça de l'art.
Ce film n'embellit pas la vie et il n'apporte rien à l'humanité.
Gaspar Noé n'est ni Lars von Trier, ni Michael Haneke et encore moins Ingmar Bergman.

Fleming
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le 28 août 2020

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Fleming

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