Island of Fire
5.5
Island of Fire

Film de Chu Yen-Ping (1990)

Dernièrement, mon cycle Jackie Chan m’a surtout amené à voir ses pires films. Il restait toutefois une de ses productions asiatiques qui avait encore le potentiel d’être correcte, à savoir Island of fire. J’ai tardé à la voir, parce que je me devais de regarder Prison on fire de Ringo Lam au préalable. Le film avec Jackie se passe également en prison, et semble vouloir laisser penser qu’il appartient à la même série, puisqu’il y a également eu City on fire, School on fire, …
J’aurais voulu voir la version longue mais n’ai pu trouver que le montage international, en VF en plus ; certes ce n’est pas la première fois que j’allais voir une version écourtée d’un Jackie Chan, mais là le montage exclusif à Taïwan est quand même plus long d’une trentaine de minutes…


Malgré ce que veulent faire penser toutes les affiches et jaquettes de ce film, je savais que Jackie Chan n’était pas le personnage principal. Il serait là pour rendre service à l’acteur Wang Yu, qui l’avait aidé contre les triades, envoyées par le réalisateur Lo Wei suite à la rupture du contrat entre eux (ça explique aussi la présence de Chan dans cette immense daube qu’est La mission fantastique).
Le casting regorge pourtant de stars dont les noms sont presque aussi vendeurs : Tony Leung (qui jouait le héros dans Prison on fire, justement), Andy Lau, Wang Yu donc, et Sammo Hung.
Island of fire est une sorte de film choral, mais le personnage principal est celui de Leung, un flic qui assiste au meurtre de son beau-père. Il retrouve le doigt d’un des assassins après une explosion, et après avoir relevé les empreintes, il découvre qu’elles appartiennent à un détenu qui aurait été exécuté 3 mois plus tôt.
Au lieu d’enquêter normalement, la première idée qui vient à l’esprit du héros, c’est d’infiltrer la prison. En quoi l’investigation serait plus efficace en se faisant passer pour un prisonnier ?
Pour aller au bout dans la connerie, il n’en parle qu’à un de ses potes flics, sans prévenir son supérieur, "on lui en parlera quand l’affaire sera réglée". Oui, normal.
Un autre personnage, celui de Jackie, a besoin d’argent pour l’opération de sa copine. On croit qu’il va finir sous les barreaux en volant, mais non, il gagne tout aux cartes… mais tue sans le vouloir un type qui le retient de partir avec ses gains. Et le frère du défunt est un caïd qui veut sa mort.


La résolution de l’enquête à la toute fin est l’idée la plus intéressante du film, même si elle implique beaucoup de n’importe quoi.
Entretemps, en prison, le scénario manque beaucoup de continuité, la répartition des histoires de chaque personnage est très mal organisée.
Les intrigues, les motivations, tout ça se perd en route. L’intention des scénaristes est de dépeindre une vie en prison rude et injuste, sauf que cette description passe par des personnages mal définis, et des règles et situations complètement débiles.
On pourrait croire que c’est de l’humour si le traitement n’était pas aussi sérieux. Un garde annonce le règlement à chaque nouveau prisonnier, et répète à chaque fois, entre autres, que les bagarres ne sont permises que le samedi. C’est déjà assez absurde ainsi mais quelques séquences plus tard, on apprend au dernier arrivant qu’il doit se battre contre le caïd de la prison… et tout le monde est agglutiné dans le hall, sous le regard des gardes.
D’ailleurs le personnel de cette prison est particulièrement incompétent, ils laissent filer plusieurs fois le même prisonnier à bord d’une voiture de service, pendant les travaux forcés en extérieur.
Quand un type refuse de manger, le chef du personnel lui donne un bac de riz, "tu me finis tout ce riz ou je te colle au trou pendant un mois". Tu parles d’une punition.
Et puis un autre détenu finit par l’aider à manger, il s’enfournent des grosses cuillères dans la bouche en se regardant d’un air complice, sur une musique qui renforce l’aspect crypto-gay de la scène. Finalement tout le monde les aide ; c’est risible.
C’est bien joli de vouloir faire valoir des valeurs humaines, mais on n’y croit pas. Il y a des prisonniers qui osent jouer les rapporteurs contre un caïd, pour défendre un inconnu…


Et le flic s’intègre ainsi, non pas en aidant les criminels de la prison dans leurs sales coups, mais grâce à la camaraderie et la rigolade. Il y a même des scènes où on se croirait dans un feel-good movie, avec une musique à la Disney.
Mais le film affiche des changements de ton soudains, juste après une séquence bon enfant on se retrouve avec une autre censée représenter l’horreur de la prison. Et c’est inefficace, parce que c’est trop sage, ou trop bête, et à cause de la légèreté ridicule d’autres séquences.
Quand Island of fire se veut touchant, c’est grotesque, et les rares moment présentés comme véritablement comiques sont navrants. "Elle était tellement excitante que j’aurais pu soulever la voiture sans cric", nous dit Sammo Hung à propos d’une femme tombée en panne, sous une pluie dévoilant son absence de soutif, juste devant les prisonniers en plein travaillant en plein champ !
L’action n’est pas terrible non plus, les acteurs, et surtout Jackie Chan, font de jolies performances, mais les combats sont généralement mal montés et mal filmés : c’est cadré trop serré, et il y a comme de petites ellipses à la plupart des cuts.


J’avais placé quelques espoirs en Island of fire, mais c’est mauvais, bête, mal écrit, et pire encore, ennuyeux.


PS : la copine de Jackie a des sorte de mini-cadres avec des photos en guise de boucles d’oreille ; wtf ?

Fry3000
3
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le 13 juin 2016

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Wykydtron IV

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