Pré adolescente, Lila, pas très jolie et supportant mal le soleil car son visage est recouvert d'une crème protectrice, s'éveille à la convoitise et au désir dans un été brûlant pas bien loin de Brooklyn. Elle joue les voyeuses collantes auprès de sa copine qui séduit sans difficultés les garçons, alors Lila s'invente une vie par procuration en jetant son dévolu sur un garçon plus âgé et moins recommandable que ses fréquentations habituelles.
Difficile à savoir si Lila agit avec conscience et lucidité, mal à l'aise dans cet âge que l'on dit ingrat, souhaitant grandir au plus vite, se débarrasser de l'autorité paternelle, guère envahissante au demeurant. Le plus beau du film n'est pas dans un scénario peu inédit, qui s'alourdit encore dans une résolution symbolique et incongrue, mais davantage dans la qualité de sa photo et de sa lumière. Un travail qui distille de la poésie et installe une ambiance cotonneuse et ouatée, faussement rassurante car elle n'oblitère pas la violence des rapports. Seul le jeune voisin de Lila l'écoute et l'épaule, semblant croire aux fadaises qu'elle lui raconte. Dans cet entre-deux entre enfance et naissance du désir, Lila oscille jusque dans ses pas mal assurés de danseuse.