It Follows est un teen movie. Un teen movie certes, mais très éloigné de la comédie American Pie ou d’Hunger Games. It Follows est un film d’horreur. Le rite de passage à l’âge adulte est, comme souvent dans les teen movies, lié à la sexualité. Sauf qu’ici, ce rite est entaché par une malédiction faisant basculer l’innocence de l’enfance à l’horreur de l’âge adulte.
Une bande d’adolescents de la banlieue de Detroit doit faire face à une terrible menace qui pèse sur Jay, une fille du groupe. Infectée par une étrange malédiction suite à un rapport sexuel, Jay se retrouve pourchassée par une entité polymorphe. Cette entité n’est visible que par ceux qui ont été infecté et suit constamment, en marchant, la dernière personne de la chaîne. Le seul moyen de s’en débarrasser est de transmettre la maladie en couchant avec une autre personne.
La figure adulte n’est presque pas représentée dans It Follows excepté par de multiples formes prises par le monstre. Pire, celui-ci n’hésite pas à prendre l’apparence d’une mère ou d’un père pour tromper la vigilance de sa victime. Les protagonistes adolescents ne peuvent compter que sur eux-mêmes, ce qui donne lieu à des scènes très touchantes dans leur spontanéité.
La mise en scène jongle habilement entre de larges espaces donnant une fausse impression de sécurité, où la chose profite de la baisse d’attention de sa proie pour mettre la main dessus, et des espaces confinés où l'angoisse monte peu à peu à mesure que l’héroïne se sent acculée. Le spleen qui semble habiter tous les personnages se retrouve dans ce paysage déserté de Detroit parsemé de maisons abandonnées et de friches industrielles. Le réalisateur David Robert Mitchell originaire de la banlieue de Detroit parvient à instaurer un climat mélancolique, balayé uniquement par les moments de terreur où le monstre n’est plus une lointaine silhouette dans le champ de la caméra, mais une menace bien réelle à deux doigts d’attraper sa victime.
A l’instar de sa terrifiante créature, Mitchell prend son temps, distillant une paranoïa à ces adolescents contaminant le spectateur. La sensation d’oppression, d’inquiétude constante ouvre peur à peu sur un abyme de folie et de résignation. La première scène du film où une jeune blonde, las de devoir courir, s’arrête sur une plage déserte pour en finir une bonne fois pour toute est un avertissement. Baisse ta garde et tu finiras démembré.
En s’inspirant d’un cauchemar qu’il faisait souvent enfant, David Robert Mitchell écrit et réalise un film d’horreur de bonne facture. Lorsque l’on souffre d’une terrible allergie au jump scare, il est agréable de voir qu’il est possible de faire peur au spectateur sans avoir à user de cet artifice.