De l’inquiétante étrangeté de la rencontre à l’insondable menace du désir, l’éternel retour des fantômes de l’adolescence. Sublime terreur. n film fascinant et angoissant dont le sentiment de terreur naît davantage du fantastique que de l’horreur….Scotchée sur mon canapé, gagnée par cette forme de malaise que l’on attribue à l’inquiétante étrangeté. Cela dès les premières images : une scène d’ouverture sublime qui annonce déjà l’emprise de l’angoisse et l’immersion en caméra « subjective » dans l’univers mental tourmenté de l’adolescence. Une superbe mise en scène, avec des images splendides pour un film qui a plusieurs niveaux de lecture. L’on peut y découvrir l’illustration de l’impact du « pubertaire » sur la psyché adolescente (par cela j’entends tous les processus psychologiques qui se déroulent pendant la longue période adolescente. J’ai été sensible à cette représentation anxiogène d’une présence menaçante, qui dans la rencontre avec l'étrange, avec la peur, vient peut être révéler et représenter voire résorber les angoisses intimes liés au désir et à la pulsion sexuelle, voire même ses éventuels traumas. Ne pourrait on pas y lire aussi une métaphore des dangers qui guettent parfois cette jeunesse (allusion au SIDA à travers ce « mal » indéfinissable qui se transmet d’un corps à l’autre par assimilation sexuelle ? ). Une jeunesse qui semble favorisée dans une banlieue plutôt cossue mais dont l’avenir peut être incertain dans ce Detroit en déliquescence laminé par la crise.