It Follows par MaximeMichaut
Qu'il est bon de rencontrer encore aujourd'hui un cinéma fantastique aussi audacieux et électrique, passion des suggestions et contrôle des sens entre les mains d'un jeune cinéaste à suivre de très près. Avec It Follows, David Robert Mitchell invoque avec une puissance folle un maître du genre et son œuvre phare, John Carpenter et Halloween, pour livrer un film qui fascine et hante, les jeux du cadre poussant constamment le spectateur à surveiller la forme surnaturelle dans la moindre parcelle de champ. Au-delà de son sous-texte ambigu où le vecteur de l'élément fantastique - le sexe, le chemin vers l'âge adulte - pourrait paraître quelque peu puritain pour les interprétations les plus faciles, le métrage demeure un morceau horrifique qui a de quoi marquer sa place dans l'histoire du genre, prière aux ruines réhabitées et aux écrans rétros sur de saisissants sons électroniques, pour en faire ressurgir de nouveaux codes et attentes. Effrayant dans ses évocations et terriblement magnétique dans sa mise en forme, It Follows file cent minutes durant une délicieuse chair de poule, entre tremblements et spasmes, transmettant par cette puissance cinématographique dominée un regard acidulé sur l'adolescent contemporain, proie de violences conquises et d'attentions insatiables.