Il y a des films où on se contente seulement des quelques lignes du résumé, ne souillant nullement son regard avec une bande annonce qui en dirait trop, ou par des critiques trop souvent dithyrambiques ; je ne le répéterai jamais assez mais chat échaudé craint l'eau froide.
C'est donc sans a priori, tout juste titillée par le pitch que j'entre dans la salle, avec une appréhension tout de même, la peur au cinéma c'est pas mon kiffe, je préfère crier et me cacher au fond de mon canapé.
It Follows emprunte pourtant à tout un pan du cinéma d'horreur de mon adolescence, si la référence à Halloween est évidente (victime qui ne cesse de fuir un meurtrier sur une musique lancinante jouant à merveille le rôle de la peur), il ne se laisse pas pour autant abrutir dans un pale hommage. Si bien qu'en reprenant les poncifs du genre il arrive pourtant à se renouveler, ce qui est loin d'être le cas ces derniers temps avec les grosses productions américaines.
Beaucoup y verront une morale bien américaine sur le sexe, ce qui se conçoit puisque le postulat du film joue sur la transmission d'une « chose » via la relation sexuelle. Le sexe étant une des clés de voûte du slasher-movie auquel le film fait référence ; sauf qu'on est plus dans le schéma classique où la demoiselle en détresse voit ses amis tour à tour se faire trucider. It Follows agit en vase clos, prend ses marques dans une bande d'amis, loin de toute présence adulte, et vient renforcer la crédulité et l'expérience que cet âge apporte.
Le sexe, ces dernières décennies, à vu apparaître le spectre de la maladie, et les années sida ont bien entendu redistribué les cartes, et alors même que nos sociétés se disent plus ouvertes sur le sujet, le sexe n'en reste pas moins un attrait fascinant et dangereux puisqu'il ouvre autant la voie aux plaisirs qu'aux possibles maladies (il n'est pas mauvais de le rappeler et je ne pense pas que le film s'inscrive dans une lignée puritaine).
Pour ce qui est de la mise en scène, je dirais simplement que cela faisait longtemps que je n'avais plus eu peur devant un film. Le cadrage, dès le début en dit long sur la « chose », cette peur qui au fond nous paralyse plus que la chose menaçante elle-même. La réalisation joue donc avec le spectateur sur cette menace, à laquelle on peut échapper aisément, mais qui peut arriver n'importe où, hâtant le spectateur à scruter l'horizon derrière les personnages. On ne tombe pas non plus dans le travers du jump scare (il y en a quelques un) mais la peur ne vient clairement pas de cet afterfact, mais bien de l'angoisse et de cette tension de voir apparaître au coin de la rue une silhouette marchant. On pense forcément aux zombies dans cette menace, néanmoins, le film nous plonge dans une autre atmosphère que celle d'un banal film de zombie. Je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques failles, certaines choses m'ont gênés mais cela faisait bien longtemps qu'un film ne m'avait pas autant plongé dans une tension extrême avec trois fois rien.
Car c'est bien là la force du film (ou son échec pour certains), c'est d'attiser la peur avec aucun effet spécial, cela prendra pour les uns, et échouera pour les autres, mais It Follows s'inscrit bien dans une approche minimaliste de la peur (peur du sexe, peur de l'inconnu, peur de la peur) tout en s'appuyant sur les bases solides du slasher-movie d'autrefois.
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