Un film qui vous filera la cht... la trouille

It follows est un film intéressant à plus d'un titre. Partant d'une idée simplissime: une menace lente mais implacable poursuivant sans relâche la protagoniste, Mitchell va ajouter toute une texture, une mythologie à la bordure de la métafiction à son film pour le renforcer aussi bien dans sa forme que son fond.
D'un point de vue formel, David Robert Mitchell à remarquablement bien digéré ses influences cinématographiques, et le film fourmille de références à toute une série de films d'horreur et de réalisateurs ayant plus ou moins œuvrés dans le genre.


Le premier de ces fantômes de réalisateurs poursuivant sans cesse le film, saute aux yeux, et c'est évidemment le maître John Carpenter. Les références formelles à ses films sont multiples mais ce ne sont pas non plus de ces gros clins d’œil un peu balourd, c'est par la réalisation même que tout passe toujours. Les références à Halloween sont évidemment multiples.


Le premier plan du film, avec ce mouvement d'appareil qui se fixe sur une maison d'une petite banlieue tranquille typique de classe moyenne américaine d'où sort une jeune fille paniquée, me fait immédiatement penser à l'une des scène finale du film de Big John. On s'attend presque à voir surgir Michael Myers de l'encadrement de la porte. Cette sensation est encore renforcé par le décor automnal qui entoure la scène.


La scène de l'école ou l’héroïne voit pour la première fois la chose qui la suit pendant que le professeur cite un poème est quasi à l'identique cette scène d'Halloween ou Laurie entraperçoit pour la première fois Michael Myers dans des conditions absolument identiques.


Lorsque les protagonistes visitent une maison laissée à l'abandon, on peut avoir l'impression de se trouver face à la maison des Myers.


Ce genre d'exemples est loin d'être exhaustif (utilisation d'un vieux film et de sa musique angoissante dans l'une des scènes, les scènes de sexe utilisée comme des moments de vulnérabilité,...), et en faire une liste complète demanderait un nouveau visionnage complet des deux films.


Dans l'utilisation des mouvements d’appareil, comme dans l'utilisation brillante du point de vue de la caméra, ainsi que du regard de l’héroïne, on peut également y voir l'influence d'Halloween (je ne développerai pas trop ici, mais si vous êtes intéressés, j'en parle plus avant ici: http://www.senscritique.com/film/Halloween_la_nuit_des_masques/critique/7404450)
La petite différence étant que c'est le regard de l’héroïne, plutôt que la confusion entre le point de vue du tueur et le point de vue de la caméra elle même sur lequel David Robert Mitchel met l'emphase; mélangeant le regard de l'héroïne et celui du spectateur (renvoyant peut-être là aussi dans un tout autre genre à They Live).
Lorsque l’héroïne regarde quelque part, on s'attend toujours à voir sortir la menace d'un coin sombre. Et lorsqu’elle s'attarde à regarder un détail insignifiant du décor, l'angoisse monte en nous, et nous la blâmons de ne pas être plus attentive. Une belle manière d'impliquer le spectateur uniquement grâce à la caméra de la part du réalisateur.


On peut également voir les fantômes d'autres films de *Caprenter*dans le coté implacable de la menace avançant toujours au même rythme, qui fait penser au tueurs de la Nuit des Masques, mais également aux fantômes de Fog ou également aux zombies de Romero dans La Nuit des Morts-vivants.


Il ne serait pas étonnant que la capacité de la créature de prendre des visages multiples renvoie à The Thing et à sa créature protéiforme. Mais aussi de l'angoisse venant du fait que la créatures pourrait également prendre l'apparence de ceux qui lui sont proche, créant l'incertitude


De plus, le thème musical principal, joué au synthétiseur, lancinant, et répétitif aurait pu être composé par Big John lui même. On peut peut-être déceler aussi l’influence de L'Exorciste ou encore le dynamisme cacophonique de Hellraiser dans le reste de la BO.


L'utilisation fréquente d'un panoramique à 360 degrés est un autre exemple d'un mouvement d’appareil qui est pensé pour renvoyer au regard de la protagoniste, et donc du spectateur, tout en renvoyant à la thématique du cercle des victimes, se refilant cette malédiction. On sent également au passage une influence aussi bien thématique que formelle du Ring de Hideo Nakata.


Il y a également du Lynch de Blue Velvet ou de Lost Highway dans l'angoisse sourde, et pesante des longs moments d'attentes qui semblent toujours construire une future découverte terrifiante.


Je n'ai surement pas réussi à voir l'ensemble des influences qui parcourent ce film, mais on peut peut-être encore citer Wes Craven et son Nightmare on Elm street qui parle d'une bande de jeunes gens devant affronter un ennemi inarrêtable , comme dans l'angoisse qu'induit le besoin de sommeil, et les risque qu'on prend à s'y laisser aller(pour le coup, on peut encore citer La Nuit des Morts-vivants qui joue aussi sur ce genre d'angoisses).


Au niveau purement thématique, il y a plusieurs niveaux de lecture possibles.
On peut y voir une métaphore du Sida ou de n'importe quelle MST en l’occurrence. Une métaphore sur le viol et sur le traumatisme qu'il induit sur le long terme. Mais surtout, et c'est là que le réalisateur se montre plus subtil, un questionnement sur l'acte sexuel en lui même, et particulièrement sur le partenaire avec qui on le pratique. Est-ce que c'est sincère, ou est-ce que je ne suis qu'un objet pour mon partenaire afin qu'il atteigne son but, qu'il se délivre, épanche si je puis dire ses angoisses (de mort?) sur moi (Eros et thanatos s'invitant comme à leur habitude au bal) . It Follows est essentiellement un film qui parle de la méfiance, du fait de ne jamais pouvoir savoir à qui on à affaire, et distille une angoisse quasi existentielle. Là, je me dois de renvoyer encore une fois à The Thing de Carpenter dont le thème est totalement similaire sans être lié au sexe toutefois.


Tout cela pourrait être indigeste si David Robert Mitchell n'avait pas trituré sa matière de belle manière afin de faire de son film une œuvre s'inspirant de ses prédécesseurs, mais sans jamais oublier sa propre personnalité.


Il en résulte que It Follows est un film formellement, et thématiquement maitrisé, mais n'en oublie jamais d'être efficace.
Ces influences permettent au film de s'inscrire dans une continuité du cinéma d'horreur plutôt que de piller sans vergogne les bonnes idées des films de ses prédécesseurs (même s'il y a un peu de ça, mais fait avec une telle maestria qu'on en redemande).


Un petit bémol tout de même, car la scène finale est un peu de l'ordre de l'anti-climax, ce qui m'empêche de délivrer au film le huit magique qui le ferait rentrer dans la liste de mes grands films à voir absolument.


Il n'en reste pas moins que It Follows est clairement un petit classique instantané du film d'horreur de série B, et que je suivrai avec une attention particulière la carrière de ce réalisateur.

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le 25 mai 2015

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Samu-L

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