- Horreur
- Fantastique
- Thriller
Encensé par la presse internationale, récompensé à Deauville et Gérardmer et présenté au dernier festival de Cannes, « It follows », en arrivant sur les écrans, était déjà bien entaché d’une réputation gratifiante. Décrit comme étant une expérience cinématographique terrifiante et glaçante, « It follows » à bien des égards, est le film à voir de ces dernières semaines.
La première sensation que dégage le film est cette tranquillité magnétique, envoûtante, presque « lynchienne ». Les premières minutes sont incognoscibles, incompréhensibles, une plongée dans les abîmes de cette brumeuse histoire qui ressemble à une ébauche de genres, à un exercice de style expérimental. Après un premier quart d’heure flegmatique, un « chouia » ennuyant, le film commence à véritablement démarrer ; c’est un « teen-movie », l’autopsie d’une jeunesse bohème en phase d’identification, de sensations. Dans cette Amérique rurale, crépusculaire et pavillonnaire se cache le mal, un mal omniprésent. C’est celui de la perte d’innocence, du passage à l’âge adulte, mais c’est aussi un virage à 100 à l’heure vers les angoisses de l’inconnu, de l’altération provoquant un choc terrible dans le quotidien fastidieux de ces pré-pubères. Et puis, le film vire au fantastique, ce qui fait directement écho au « The Thing » de John Carpenter, avec ces monstres transmutés et sa paranoïa. Après réflexions et observations, l’utilisation et le rôle de la musique apparaissant comme une symphonie de l’horreur, l’ambiance et la photographie qui sent bon les « 80’s », l’évidence se fait, c’est le fantôme d’ « Halloween », du même auteur, qui plane au-dessus du film. La mélancolie d’une jeunesse perdue confiné dans un cocon poussiéreux, qui erre sans fin et sans repères, sans adultère donc et qui face à la menace ne peut compter que sur soi-même ; ça ne fait plus de doute, c’est bien un « slasher ». Attention, pas un « slasher » classique, le genre est ici remanié, dépoussiéré, réinventé même. Plus de masques où d’armes blanches, ici, la terreur n’a plus seulement une seule forme, elle se multiplie sans limite. Sans artifices (excepté la scène de la piscine, belle mais très limite), la peur est présente à chaque instant, à chaque coin de rue, pas de « jump scare », seulement une angoisse latente, qui persiste. Tout est dans la suggestion, et l’horreur s’avère bien plus psychologique que graphique à l’instar du « Shining » de Kubrick. Rien n’est plus effrayant que d’être traqué sans relâche par des êtres maléfiques et indissociables, détournant par leur aspect si réel, une certaine imagerie de la menace à l’intérieur, thème cher au cinéma d’horreur des années 70-80.
Ce « It Follows » en plus d’être flippant est parfaitement maîtrisé. La mise en scène hypnotique et esthétique n’est pas sans rappeler « Blue velvet » où « Drive », avec la violence en moins. Ce David Robert Mitchell semble avoir tout d’un grand, affaire à suivre… ; pour un deuxième film, c’est brillant. Je « follow » direct.