Après le très bon Rundskop, Michael R. Roskam nous offre cette fois un film noir outre atlantique. "The Drop" est adapté du roman "Animal Rescue" de Dennis Lehane ( c'est à lui que l'on doit "Mystic River, Gon Baby Gone et The Island). Un premier film à Hollywood s'annonce toujours assez délicat et périlleux, surtout quand on sait que de nos jours, les producteurs américains limitent de plus en plus la liberté artistique. Même si on ressent le poids des gros studios hollywoodien, "The Drop" s'avère être particulièrement sombre et viscérale. Moins bon que Rundskop, d'un point de vue purement narratif et artistique, on sent tout de même que Roskam n'a pas été totalement muselé. On a d'ailleurs droit à une parfaite démonstration des talents d'ingéniosité de mise en scène du réalisateur belge lors du dépôt du super bowl, animant brillamment sa caméra de façon renversante. La simplicité du scénario entremêlant ses divers intrigues paraît contractuel, et c'est surtout l' ambiance et la prestation des acteurs qui fait la force du film. L'ambiguïté des personnages ainsi que le sujet amoral du film sont contrasté parfaitement avec la relation qu'entretient Bob et son chien; ce mélange plonge le spectateur dans une spirale d'une noirceur brute à l'ambiance terriblement captivante. Et même si pour ma part le personnage de Nadia m'irritait à certains moments par son manque de profondeur, la qualité d'écriture des personnages m'a relativement surpris par cette capacité à les baigner dans une conformité trouble. Efficace à souhait le rythme du film ne varie pas réellement, se contentant de nous engouffrer dans la banalité grisâtre de Bob, n'étant jamais très loin de la morbidité caractérielle. On n'est pas très loin de l'univers de James Gray, mais on se rapproche plus du cinéma intimiste de Fincher, à total ambivalence avec l'optimisme qui embellit l'inconscient collectif. Le personnage de Tom Hardy s'impose comme étant le chevalier déchu, dépassé par la simple pensée d'un renouveau car trop marqué par la réalité du milieu. Sa performance est bluffante et démontre son talent incroyable à incarner la brutalité douce, tout en retenue. James Gandolfini, pour sa dernière apparition sur nos écrans de cinéma, se livre encore une fois aux jeux du gangster dépressif, pour notre plus grand plaisir. Matthias Schoenaerts, quand à lui, se révèle être étrangement flippant dans la peau du cinglé de service. Je l'attendais et je n'ai pas été déçu, "The Drop" se montre être pour une première expérience chez les "yankees", une véritable réussite et confirme que Michael R. Roskam est un talent à suivre. Et ce qui fait plaisir, c'est qu'il est belge!!!