Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien
Michaël R. Roskam est un cinéaste à suivre de près. Découvert, pour ma part, avec l'excellent et surprenant "Bullhead", le belge confirme ses qualités de réalisateur avec ce nouveau film made in U.S.A.
Tiré d'une nouvelle de l'excellent romancier Dennis Lehane, écrivain dont l’œuvre ne cesse d'être adaptée au cinéma ("Mystic River" ; "Gone Baby Gone" ; "Shutter Island"), Roskam nous livre un film policier singulier, intimiste et totalement maîtrisé.
Bob tient un bar-dépôt avec son cousin Marv, un établissement tenu par la mafia locale. Mais le triste quotidien de cet homme réservé va être bousculé le jour où il va retrouver un chien ensanglanté dans une poubelle de quartier, animal appartenant à un bandit fou à lier.
Un récit plutôt basique, qui repose sur une trame policière mettant en lien plusieurs intrigues.
Mais la mise en scène de Roskam arrive à nous captiver de bout en bout, malgré un rythme plutôt lent. Le réalisateur fait preuve d'ingéniosité sur certaines séquences, notamment avec celle du match Super Bowl dans le bar de Bob. Une séquence habilement montée, cadrée et jouant avec une montée en pression crescendo. D'autre part, le film bénéficie d'une construction soignée et millimétrée, exposant certains détails narratifs pour mieux en dissimuler d'autres, ce qui est un moyen efficace de maintenir le spectateur en haleine.
Mais il faut avouer que le casting pèse lourd dans la balance, ce qui participe pleinement à la réussite du film.
Tom Hardy livre encore une fois une prestation remarquable. Son personnage est tout en retenu. On comprend rapidement que Bob a un passé de tueur, mais son effort de sociabilisation le rend touchant et attachant, d'autant plus que certaines attitudes (façon de marcher, de parler) frôlent l'autisme. De fait, le spectateur comprend tout le poids et l'impact du personnage lors de sa confrontation finale avec Eric.
Eric, parlons-en justement, interprété par l'excellent Matthias Schoenaerts. Même si son personnage se définit finalement comme une petite frappe de seconde zone et qui veut asseoir sa réputation, il faut avouer que l'acteur incarne à la perfection une certaine folie. Ses coups de nerfs compulsifs et son regard habité sont de bonnes armes pour nous faire croire à son interprétation.
Noomi Rapace est toujours aussi touchante, même si Nadia manque un peu d’épaisseur...
Enfin, comment oublier le regretté James Gandolfini, qui pour son dernier rôle à l'écran, endosse encore une fois le costume du mafieux à la retraite. Rien à redire, le charisme de l'acteur fait tout le charme, entre ses mimiques à la De Niro et son souffle de colosse. La scène où Cousin Bob expose son passé de mafieux réputé face à Bob, est sans aucun doute l'une des meilleures scènes du film.
"Quand vient la nuit" ne m'a pas déçu. Et dieu sait que j'attendais ce film. Malgré son classicisme assumé, le dernier long-métrage de Roskam sonne juste et trouve un réel équilibre artistique. La marque des grands films.
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