Les Daft Punk ne sont pas les artistes les plus présents médiatiquement parlant sur la scène musicale. Sans doute faut-il entretenir le mystère autour des deux masques robotiques.
Mais ce "Random Access Memories" vient nous rappeler à quel point les deux Parisiens sont des musiciens respectés et surtout attendus. A l'aide d'une campagne de Communication en béton armé, dont la stratégie du teasing a été une valeur sure, on ne peut point nier le fait que les Daft' ont réussi leur coup.
Alors que le skeud sera officiellement disponible dans les bacs dans une semaine, le contenu est toutefois déjà consultable sur le Web. Nul doute que cela sera un moyen d'intensifier d'avantage la promo' de l'album avant sa sortie officielle... Je rajoute donc ma pierre à l'édifice.
Tout commence avec le fameux "Get Lucky", le titre teasing de l'album qui inondait les hashtag Twitter, les pages Facebook et les articles de presse. Un morceau qui m'a rangé dans la catégorie des "déçus", car oui, trop "sage" (pour résumer). Mais bon, rien ne m'empêche de monter le son dans ma gova lorsque cette dernière passe sur les ondes, car il faut avouer que c'est un énergisant efficace après une journée de boulot crevante... Et un bon compagnon en soirée, lorsque tu te sens enfin libre après t'être trop alcoolisé. Voilà tout.
Mais qu'importe, je reste confiant et j'entame la galette. Et je prends ma première gifle avec le track d'ouverture, d'une élégance pure ! C'est léger et foutrement entêtant.
On pense directement au cover art de l'album, très classe et sobre. Et puis ça sonne 80's. John Robinson.Jr est à la batterie. Ah oui, le gars a quand même bossé avec Quincy Jones et Michael Jackson. Michael Jackson tiens... C'est vrai que la typo' du cover art ressemble étrangement à celle de l'album "Thriller"...
Bref, le ton est donné. Les 12 morceaux suivants viendront confirmer et solidifier le premier aperçu. Les Daft' sont revenus avec un album studio, ce qui change bien évidemment de leurs skeuds précédents, qui étaient des albums "maison". N'oublions pas que "Human After All" a été pondu en une quinzaine de jours...
Donc, soyons clairs, oubliez les albums précédents. Même le lien logique avec "Discovery" n'est pas une piste réellement exploitable. Pour "Random Access Memories", les deux électroniciens se sont entourés, allant chercher des noms de la musique. Ils ont lâché un peu leur séquenceur musical pour jouer avec les nuances, les sonorités référencées et les instruments, tout simplement.
Au final, l'album transpire la classe et l'élégance. C'est fouillé, homogène et terriblement efficace. On se croirait presque dans une bande originale, dont nous avons plus qu'à faire le film dans nos têtes, en fermant les yeux et en se laissant aller. Giorgio Moroder et Paul Williams n'y sont pas étrangers, surtout qu'ils sont à l'origine des deux plus grosses pépites de l'album.
J'évalue donc mieux le qualitatif "sage" qui m'était venu à l'écoute de "Get Lucky" (trois fois plus percutante dans sa version skeud, au passage). Oui c'est un album plus sage, plus réfléchi probablement, plus "mature" peut-être. On est loin de la folie sonore des productions d'antan, mais on s'évade autrement ici. Car c'est beau.
Les voix robotisées s'effacent parfois derrière le chant des invités, nous rendant nostalgique des sonorités métalliques d'autrefois. Mais le vocodeur est bien présent, sonnant d'avantage comme une Talkbox, ce qui renforce l'influence esthétique de l'album.
Il n'en reste pas moins que Daft Punk nous montre qu'ils savent s'ouvrir, créer des passerelles esthétiques avec des musiciens qu'ils n'ont cessé de sampler jadis.