Ce film est un projet de relecture du film d'horreur. C'est pour ça qu'il est si bien ! Alors qu'on nous abreuve de productions saisonnières comme Sinister ou Insidious qui, même si elles sont efficaces, commencent à tourner en rond, It follows sort ces armes. Le premier film de David Robert Mitchell diffusé en France retourne tout cela en remettant en cause les sempiternelles règles du slasher. Ce film s'érige dès lors en tueur psychopathe sur bobine qui s'attaque à tout ces petits concurrents du box-office.
A peine commencé le film et la caméra nous déroutent déjà. Un grand angle, une grande rue, une étendue vide, et pourtant l'horreur s'instigue au moment où une jeune fille en talons aiguilles sort affolée de chez elle. Un voisin lui demande si ça va et ça va répond-elle, mais quelque chose l'effraie, quelque chose la suit ?
Alors que les films d'horreurs contemporains nous enferment dans une maison exigüe avec un plancher qui grince et des lampes qui bougent au plafond, It Follows libère l'espace. Mais comment avoir peur dans tout ce vide ? Il suffit d'un monstre pouvant prendre la forme humaine de n'importe qui. Est-il loin ou non ? Le stress s'installe, on plisse les yeux pour regarder dans les recoins du grand angle qui nous est offert. Attention il est là ! Derrière toi ! Le monde devient hanté. La fuite devient dès lors inutile, elle n'est plus une fin en soit, juste un moyen de survivre un peu plus longtemps. Le psychopathe au couteau, le fantôme meurtrier ou encore l'alien assassin du film d'horreur sont remplacés par un ennemi sans une once d'identité et au charisme variable. Il peut surgir n'importe où et n'importe quand. Ce revers au film d'horreur classique fonctionne très bien, on a peur !
Ce monstre démoniaque on ne saura jamais vraiment d'où il vient. Il nous suit partout comme le tueur à la petite cuillère mais on peut s'en défaire en le transmettant par le sexe. A l'heure où les jeunes sont de plus en plus exposés à avoir des relations sexuelles, faire du méchant une MST, est un concept puissamment efficace. L'horreur par le sexe met mal à l'aise, le monstre est au plus profond de notre intimité. Fini donc l'esprit maléfique qu'on libère en dépoussiérant une malle dans un vieux grenier perdue depuis 1500 ans. Celui de It Follows fonctionne comme un réseau social meurtrier.
Les images sont magnifiques. C'est aussi cela qui permet à It Follows de bousculer le genre. La beauté fait peur et les mouvements de caméra amènent l'horreur, il y a une véritable recherche à ce niveau là. Pour ce qui est des acteurs, ils sont attachants et réalistes, à la hauteur du projet.
Profondément inscrit dans notre époque et à milles lieux du films d'horreur moderne, il n'en fallait pas plus pour faire de It Follows un classique du genre.