It Follows est un film réalisé par David Robert Mitchell, petit nouveau dans l'industrie, qui ne pèse pas encore tout à fait dans l'game. Cependant, It Follows est le deuxième film qu'il a réalisé et se défend très bien au vu du propos et du ton employé pour le dire.
Pour parler de ce film, je serais un peu obligé de parler de The Myth of the American Sleepover, le premier film de David Robert Mitchell. Car j'ai eu dans It Follows, un ressenti, voire même un message que j'ai aussi perçu dans sa première œuvre. Reportage.
Ce qui se présente comme un film d'horreur pesant, au vu du danger qui menace Jay -le personnage principal- pourrait être vu comme une croisement entre thriller et horreur, car finalement, on passe plus de temps à se demander de quelle manière va t-elle se débarrasser de la malédiction qu'à avoir la trouille. Pourtant, David Robert Mitchell s’obstine aveuglement à utiliser les codes du teen horror movie à plusieurs reprises, que ça soit la bande d'ado affrontant le mal, les adultes ne les croyant pas, le jeu d'acteur parfois bancal ou encore le plan final pour se débarrasser du monstre qui, pourrait-on croire, a été élaboré par l'enfant de Maman, je m'occupe des méchants ! ... Mais cela ne prend pas avec moi, David, et c'est principalement ce que j'aurais a reprocher à ton film. Ça et le fait que tes personnages ne mettent pas de capotes, ce qui aurait peut-être pu éviter toute cette merde ?
Cependant, It Follows est un film intelligent. Que faire lorsque vous êtes pourchassé jusqu'à la fin de votre vie par un démon voulant sodomiser votre cadavre ? Peut-on être égoïste au point de le refiler à quelqu'un ? Un illustre inconnu, un ami ? Son frère, sa sœur, ta mère ? Véritable dilemme qui se pose, et auquel est confronté Jay. Une réflexion que je trouve intéressante et originale, pour ne pas dire jamais vue.
Dans The Myth, une bande d'ado cherche à tout prix à vivre une dernière histoire d'amour avant la fin des vacances. Vraiment. Ils ont l'air désespérés, et se raccrochent à cette mission. Pourquoi ? J'avais mis ça sur le compte de leur jeune âge, du besoin de vivre une expérience mémorable avant de reprendre le train train des études, ou alors simplement le besoin d'évasion. Notez que ce film se passe à Détroit. It Follows aussi s'y passe. Et au bout de quelques minutes de réflexion après la fin, je me suis demandé si cette malédiction et ce besoin désespéré d'évasion à Détroit ne signifiait pas autre chose.
Sans en être persuadé, je pense ce qu'essaient de fuir ces jeunes dans les deux films est le mal-être social.
Détroit est une ville majoritairement industrielle, et qui a été l'une des plus sévèrement touchées par les différentes crises économiques du pays. S'en est suivi une désertification industrielle, une chute démographique et tout ce qui s'en suit. Criminalité, pauvreté, constitution d'une banlieue interdite (sujet brièvement abordé dans It Follows par l'un des personnages), etc. Pour moi, la séquence dans la maison squattée n'est qu'une mise en lumière de ces problèmes de plus.
Que font des ados dans un tel paysage ? A mon avis, ils chercheront un moyen de s'évader, par les histoires d'amour, puis plus tard, par le sexe. Mais aussi par la drogue, qui peut être également une lecture intéressante de It Follows, et même soulignée une ou deux fois par les personnages du film.
C'est ce que j'aime dans le cinéma. Un film est un message. Et comme le dernier en date de votre ex, il est souvent plein de sous-entendus et de non-dit.