Le concept horrifique est assez génial : Jay est constamment suivie par une sorte de zombie qu'elle est seule à voir. La menace est lente, mais implacable. Le traqueur peut prendre plusieurs formes, nourrissant la paranoïa de sa victime, et surtout celle du spectateur, qui scrute l'image à la recherche d'un personnage marchant peut-être étrangement...
L'oppression est réelle, et l'ensemble avait de quoi donner un film remarquable. Sur le papier. Car si l'ouverture de It Follows est pleinement réussie, si le côté underground fonctionne au départ (mise en exergue de la musique - électro répétitive -, séquences quasi contemplatives, lenteur, jeux d'arrière plan...), tout s'effondre finalement assez vite. La réalisation tourne rapidement à la juxtaposition d'effets, qui paraissent en définitive mis les uns derrières les autres un peu n'importe comment, donnant au tout un côté très artificiel. On a l'impression d'assister une sorte d'assemblage de clichés indé/underground, sans réelle maîtrise, un peu comme dans Under the Skin.
Mais pire, le film sabote lui-même son ambiance, en révélant très tôt le fonctionnement de la traque... et en se jetant par là même dans du teen movie horrifique crétin, à grands coups de messages puritains. Les personnages sont des ados, donc forcément tout tourne en réalité autour du sexe, et le film n'est qu'une vaste métaphore sans subtilité. Evidemment, le sexe c'est mal, c'est lui qui est la cause de la traque (il y a même des "règles du jeu", qui élèvent le débile à un point insoupçonné). Et allons-y, que tous les personnages agissent comme des idiots, que le déroulement du scénario est risible, que les mâles ne cherchent qu'à coucher, que les MST ça fait peur, que le sexe sans amour c'est vilain. Tout ça emballé dans une forme pseudo arty qui se prend au sérieux.
Ce qui démarrait sous les meilleurs auspices bascule (vite) dans le navrant frustrant. Un gros gâchis.