Les genres de l’épouvante et de l’horreur ne ressemblent pas aux autres genres cinématographiques. Ce ne sont pas à proprement parler de sous-genres mais ils sont à la fois composés de films pour la plupart extrêmement clichés et qui dérangent beaucoup (ambiance, stress, manque d’ambition). Ce sont aussi des genres à part car la peur est quelque chose de très personnelle et pour tous les films d’épouvante on trouvera une personne qui nous dira qu’elle n’a pas tremblé une seconde. Cela est énervant sur le moment surtout si c’est un film qui nous a bien effrayé mais c’est pourtant tout à fait compréhensible, chacun réagit différemment devant la peur. Je trouve cela bien différent avec la tristesse, qui unit davantage. A partir de ce constat, il est difficile de trouver un film d’horreur/épouvante qui rassemble. Avant les années 2000, on pourrait citer The Thing, Alien le huitième passager et Shining, bien qu’il ait beaucoup de détracteurs.
Depuis les années 2000, un des rares qui a su susciter un intérêt à la fois chez la critique spécialisée (nominé au festival de Cannes en 2014) et chez le public (des notes plus qu’honorables sur SC et Allociné) est It follows. Qu’est-ce qui se fait de ce film, selon moi, un des meilleurs films d’épouvante du XXIème siècle ?


Je vais commencer par ce qui me plaît le plus dans ce long-métrage. J’ai trouvé l’ambiance globale du film extrêmement bonne. Cela est dû à une réalisation efficace, qui ne reprend pas comme beaucoup de films du genre la caméra à l’épaule. Bien au contraire, la réalisation, sans être révolutionnaire, est très efficace et particulièrement tournée vers la peur et le stress qu’il provoque à autrui. Outre la réalisation, la musique est vraiment appréciable. Très honnêtement, elle est une de mes préférées des films du genre et à défaut de posséder un morceau culte à l’image de celui de L’exorciste, elle accompagne extrêmement bien l’action. Elle sait être rythmée quand il le faut, et elle monte en puissance quand la créature se rapproche. C’est efficace et rondement mené.


En parlant d’ambiance, il m’est impossible de ne pas évoquer la teneur du contenu du scénario. Le postulat de base du film est fait pour nous stresser, pour ne pas abaisser la tension. Ils sont rares les films à réussir ce genre de prouesse, et en cela il me rappelle le chef d’œuvre The Thing de John Carpenter. En effet, dans The Thing, on ne sait pas qui est qui. La créature se cache à travers les membres de la station et la tension ne s’arrête jamais, étant donné que tout le monde pourrait en réalité être l’ennemi. Dans It follows, on reprend ce genre de procédé. Dès que l’on voit un passant, on se demande si ce n’est pas la créature qui vient éliminer l’héroïne. Et en cela le film réussit très bien à maîtriser son sujet. Par ailleurs, la créature est invisible pour les autres. On a beau être dans un groupe de plusieurs personnes, on n’est absolument pas à l’abri. Il faut toujours que le personnage qui possède la malédiction reste sur ses gardes.


Le film ne serait pas ce qu’il est sans ses acteurs et ses personnages. J’ai été convaincu par Maika Monroe, alias Jay, assez rapidement. Elle réussit parfaitement à nous transmettre des émotions, tout en parvenant à bien les afficher sur son propre visage. Ce qui me plaît chez elle et son personnage, c’est qu’elle réagit exactement comme moi. Pas forcément sur le plan des actions, bien qu’elles soient parfaitement cohérentes connaissant la situation désespérée dans laquelle elle se trouve, mais sur ses réactions corporelles. Et pour moi c’est très important, j’ai pu m’identifier dans le personnage, puisque je ressentais en réalité ce que Jay vivait. Également, la sœur de Jay, en plus d’être physiquement attrayante, parvient efficacement à jouer le rôle de la sœur attentionnée et à l’écoute. C’est assez agaçant les personnages qui ne croient à rien, malgré la preuve irréfutable qu’il y a un truc pas net. Et justement le film prend le contre-pied de ce stéréotype répandu.


A propos de clichés, c’est un point important que l’on ne peut pas omettre, surtout connaissant la propension des films d’épouvantes à se les approprier. Le film a su se défaire de bon nombre d’entre eux tout en gardant une approche très caractéristique des films d’épouvante. Dans It follows, on ne voit pas de Jump Scare à outrance, pas de décisions totalement irréalistes, pas de personnages agaçants qui ne saisissent pas leur chance ni des filles dénudées pour le plaisir de les dénuder. Alors certes il est presque impossible de se défaire totalement de ces clichés,


Comme le fait d’avoir une fin ouverte. En effet, à la fin on ne sait pas si la créature est morte ou si elle est revenue, mais ce dernier plan est vraiment très bon. Autant je n’aime pas les fins ouvertes, autant là c’était à la fois fin et effrayant.


It Follows, de par tous ces aspects, intègre sans problème mon top 10 de films d’épouvante favoris. Son esthétique singulière et originale me donne des frissons à chaque fois que je revois le film. Puisque c’est l’un des rares, à l’instar de Shining, qui me donne envie de le revoir de temps en temps. Je peux comprendre que certains aient du mal avec le genre ou qu’ils n’aient pas accroché à It Follows, mais il a bien fonctionné avec moi. Et que les autres films du genre suivent ses traces, le monde de l’épouvante se portera mieux.

MatthieuS
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le 18 juin 2017

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MatthieuS

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