« La vie est l’état qui distingue les organismes actifs de la matière inorganique. »
Ainsi commence le court-métrage de Jean-Baptiste De Laubier : par une définition de la vie, des êtres vivants, une explication globale de leurs caractéristiques. Cela permet instantanément de se mettre dans la position de spectateur souhaitée, c’est-à-dire intrigué par quelque chose que l’on connaît déjà très bien, ou que l’on est censé totalement discerner.
Vous avez peut-être déjà entendu des questions telles que : « Quel film garderiez-vous pour que les générations futures apprennent de notre vie ? » ou « Quel film montreriez-vous à une espèce extra-terrestre pour expliquer notre monde ? ». Ce film pourrait bien faire office de réponse.
Quelque part, c’en est le principe même…
It was on earth that I knew joy ...
Dans un futur proche, la vie a pris fin. L’évolution ayant eu lieu, les robots subsistent. Un jour, l’un d’eux décide d’interroger une machine, ayant en elle la mémoire d’un homme, à propos de « l’extinction de la vie ».
Je trouve ce concept génial mais le résultat aurait pu être complètement raté. Comme toute œuvre expérimentale, on pourra adorer ou détester, on pourra admirer ou ne pas voir d’intérêt.
J’ai pleinement accroché et je trouve que c’est quelque chose à partager, une expérience à tenter.
Le résultat sera insignifiant ou marquant, selon les personnes.
C’est avec un esprit très « Chris Marker » que l’on est amené à suivre un dialogue froid et monotone entre deux machines inertes. C’est là que les images prennent toute leur importance : elles sont là pour imager et sublimer le récit. Ce ne sont en fait que des moments filmés par le réalisateur. Ça pourra sembler complètement impersonnel pour certains… Ou bien cela justifiera entièrement le propos. On se retrouve alors dans la peau, ou plutôt dans les circuits, des machines. On observe des moments de la vie d’un homme que l’on ne connaît pas. Le réalisateur a ici transformé des images de sa vie pour en faire une fiction, et c’est malgré tout l’aspect véridique qui explose à l’écran.
Les vidéos de voyages deviennent ainsi des escapades dans un monde qui commence à s’effondrer. La caméra de poche devient le transmetteur d’une ambiance sombre et terrible.
C’est là qu’a lieu le plus grand décalage émotionnel : celui entre le robot qui ne fait qu’évoquer et le spectateur qui sait. Il sait ce que c’est de caresser un chien… de marcher au côté de son père… d’éprouver de l’amour… Il sait ce que c'est de vivre…
C'est avec un budget minime, des images simples, et des dialogues basiques que se forme devant nous une oeuvre d'une puissance rare dont chaque instant peut devenir précieux.
En racontant une histoire originale, Jean-Baptiste De Laubier offre avant tout une œuvre amenant à réfléchir, magistralement montée, incroyablement poétique, à la fois optimiste et pessimiste, et dont chacun tirera ce qu’il voudra.
Au final, ce simple court-métrage résonne comme un témoin. Il nous rappelle entre autres que sur Terre, on aura au moins connu la joie.