Pour moi, le cinéma, c'est d'abord les images.
Ici, elles sont superbes, mais elles ne sont là que pour apporter de l'émotion. Ce sont les dialogues, et quels dialogues qui racontent l'histoire...et aucune importance si elle est abracadabrantesque. Par moment on pense à Audiard: « Le bonheur c’est quand les emmerdes se reposent, et là faut faire gaffe de ne pas les réveiller ».
Ou bien lorsque Sam Lion emmène sa fille au cirque:
« Victoria – Tu t’rappelles quand j’étais petite, je voulais toujours me marier avec toi.
Sam -Et maintenant ?
Victoria -J’aurais trop peur que tu me quittes, n’empêche que j’voudrais bien en trouver un qui te ressemble.
Sam -J’vais te faire une confidence : je suis un très mauvais coup.
Victoria – J’te crois pas.
Sam -Si.
Victoria -Alors c’est quoi un bon coup ?
Sam -Quelqu’un qui ne pense pas trop.
Victoria – Mais alors il ne reste que les cons.
Sam -J’te le fais pas dire ! »
Quand il y a des acteurs comme Belmondo et Anconina pour servir ces dialogues on obtient des scènes cultes comme celle de la réservation de billet à l'aéroport ou la scène "apprendre à dire bonjour et à ne pas s'étonner".
Mais les dialogues ne sont pas les seuls textes savoureux de ce film, il y a les chansons à ne pas rater:"
T’aurais voulu être un artiste
Pour avoir le monde à refaire
Pour pouvoir être un anarchiste
Et vivre comme un millionnaire
Et vivre comme un millionnaire
T’aurais voulu être un artiste….
Pour pouvoir dire pourquoi tu existes."
Claude Lelouch ne cherche pas à refaire le monde, ni à soutenir des thèses, ni même à être très réaliste, mais ses films sont souvent de petits bonbons à savourer au calme pour jouir de chaque détail.
Quand Lelouch filme comme ça, c'est simple, direct et ça fait mouche. Les interprètes trouvent quelques-uns de leurs meilleurs rôles dans ses films. C'est le cas ici pour la plupart des acteurs au générique.
On trouve ici une fraicheur et une spontanéité qu'on aimerait retrouver dans le cinéma français actuel.