En règle générale, l’itinéraire est un parcours écrit qui vous emmène étape par étape d’un point à un autre. Jamais titre de film n’avait aussi bien porté son nom. Pendant 1h40 il nous propose de suivre Thierry Chartier, jeune mec malchanceux, qui a un peu mal tourné, dans sa quête de rédemption. Et c’est de manière abrupte que nous allons le découvrir dans sa cavale, devenir ses complices impuissants et surtout l’apprécier… Ce presque gosse, seul depuis toujours, ne peut compter que sur lui-même, et sur quelques affections furtives de la part de personnes larguées comme lui et tout aussi isolées ; une mère trop effacée, un restaurateur qui à l’image d’un père va essayer de lui faire sortir la tête de l’eau, une copine véritable âme sœur, un juge compatissant… Réaliste et sincère, ce drame social est sans concession. Loin des artifices du genre, Christophe Otzenberger signe là un film délicat et cru à la fois, composé d’un ensemble de scènes extrêmement puissantes qui vous étreignent la gorge. Il ne cherche pas à faire vrai, comme dans « l’enfant » des Dardenne, il est. Emotion forte également, le jeu bouleversant et nuancé de Yann Tregouët. Le rôle de Thierry lui colle à la peau. Il lui donne une dimension angélique sous une apparence brutale où ses expressions de visage ou de corps nous parlent autant que ses mots. Un film hors du commun, troublant et profondément humain.