It’s another Film...

En un temps où les productions cinématographiques grand public ne font plus rêver, on constate ces dernières années une recrudescence de films "hommages" au cinema en tant que grande idée créatrice et unificatrice. Ce phénomène, bien difficile à ignorer concernant le cinéma Hollywoodien (The Fabelmans, Once Upon a Time... in Hollywood, Babylon...) ne lui est pourtant pas spécifique, et, comme bien souvent en matière de cinéma, le Japon se situe aussi aux avant-postes, citons pour exemples les merveilleux Ne coupez pas ! et Why Don't You Play in Hell?. It’s a Summer Film! semble parfaitement s'inscrire dans cette mouvance : nous contant les aventures d'un groupe de jeunes passionnées voulant faire un film de samouraï.

Opposant nos protagonistes à un ciné club dédié aux comédies romantiques, représentant une certaine vision du cinéma trop policée voir inculte (notamment lorsqu'ils utilisent des symboles de samouraï sans chercher à les comprendre et y rendre un réel hommage), It’s a Summer Film! invite à sortir des sentiers battus, nous rappelant l'importance d'un genre spécifiquement japonais et dont les classiques sont on ne peut plus qualitatifs. Pourtant dès cette première partie, cela sent déjà un peu le gaz, car le film en lui même ne sort d'aucun sentier battu, notamment en ce qui concerne sa mise en scène assez générique et ses personnages trop archétypaux. Il n'en reste pas moins un teen movie pétillant faisant la part belle à l'amitié féminine vue sous un angle éloigné des clichés habituels.

C'est alors qu'un élément science-fictionnel jusqu'ici sous-jacent vient dérouter la machine bien huilée, l'un des protagonistes vient du futur, un monde dans lequel les films durent 5 secondes : il y a là une bonne idée qui est l'exagération d'une tendance réelle : "les films sont beaucoup trop longs" étant une phrase qui écorche mes oreilles bien trop souvent lorsque je discute avec mes contemporains. Cela fait alors sombrer l'héroïne dans un état de déprime compréhensible, sa quête de sens par le cinéma en prenant un coup magistral.

Mon principal problème avec ce film est ce sur quoi va déboucher cette remise en question :

En effet à aucun moment It’s a Summer Film! n'expérimente réellement formellement (les films japonais étant pourtant rarement avares sur le sujets), ni ne rend de réel hommage au film de samouraï qui n'est utilisé que comme un vivier de références à faire citer par les personnages. La déclaration d'amour au cinéma tombe donc complètement à l'eau pour ne donner qu'une comédie romantique, qui, si elle est plutôt qualitative, laisse de marbre tant tout dans ce film promettait quelque chose de bien plus original et revendicatif. Voir ces femmes réaliser un film de samouraï en s'attachant à leur vision artistique aurait été bien plus adapté que ce triste retournement de veste semblant plutôt plaider pour une uniformisation des oeuvres cinématographiques que pour un cinéma audacieux n'hésitant pas à casser les codes. Cette uniformisation est clairement ce qui a le plus de chance de mener à la si terrible "situation du futur où il n'y a plus de films" sur laquelle It’s a Summer Film! essaie pourtant de nous faire lâcher une larme.