As I Was Moving Ahead...

J'ai découvert ce film un peu par hasard en me promenant sur CL et en recherchant quelques informations sur Don Hertzfeldt, dont j'avais déjà apprécié le court-métrage Rejected. It's Such A Beautiful day est un assemblage de trois courts métrages qu'il a réalisé entre 2006 et 2011, et qui ont pour point commun de raconter l'histoire de Bill, un homme dont la vie rythmé par une routine des plus mornes est remise en question par une étrange maladie mentale.

Et bien moi qui avait trouvé Rejected plutôt inventif visuellement, ce n'est rien comparé à ce film ! Alors que je craignais que l'animation à la fois simpliste et très foutraque d'Hertzfeldt me gêne... (je vous conseille de regarder ses courts pour vous faire une petite idée). En fait c'est exacte inverse qui s'est produit, puisque cette animation est ce qui contribue à la réussite du film selon moi (avec la narration, mais j'y reviendrais plus tard).

Ce que je trouve génial avec le trait d'Hertzfeldt c'est qu'il permet au spectateur de s'identifier au protagoniste et de lui faire éprouver suffisamment d'empathie pour que ce qui lui arrive puisse l'intéresser. Parce que le personnage de Bill pourrait être n'importe qui, il pourrait ressembler à n'importe quoi, et pour le reste c'est pareil, le film laisse au spectateur le soin de combler tous les détails grâce à son imagination. Le film ne s'en tient également pas qu'à de l'animation et rajoute quelques prises de vues réelles (surtout dans la troisième partie), exercice pas très évident mais qui fonctionne ici à merveille.

Le film fonctionne aussi très bien du point de vue de la narration. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est à quel point l'histoire arrive à être captivante en usant du procédé de répétition. Par exemple les cinq premières minutes ne révèlent presque rien sur l'intrigue, et se contentent juste de montrer une série d’événements dans la vie de Bill (le tout narré par Hertzfeldt lui-même), qui semblent n'avoir rien à voir entre eux de prime abord mais qui nous éclairent finalement sur l'état et la vie du personnage. Ce procédé, qui reviendra plus tard dans le film, se révèle très efficace pour immerger le spectateur dans la vie du protagoniste.

Mais ce que le film réussi le mieux, c'est émouvoir, et ce avec des choses toutes simples. Comme la relation de Bill avec son entourage (notamment sa mère) et les conséquences de sa maladie sur celle-ci. Le film réussi d'ailleurs à aborder des thèmes assez dur (la mort, la maladie...) sans pathos ni trop de lourdeurs. Je ne vais pas en dire pour ne pas spoiler mais certains passages sont assez dur et sauront vous toucher si vous êtes assez sensible.

Le seul partie qui m'a laissé un peu de marbre est la fin. Je n'ai pas trop adhéré au fait que le film laisse l'histoire en peu en suspens et de partir dans une direction des plus fantasques, même si je reconnait que ça colle bien avec le reste du film, disons juste qu'ici ça ne me parle pas (je suis très partagé en fait).

En bref, It's Such a Beautiful Day est un très joli film, très juste par moments, mais qui ne risque de ne pas vous plaire si le style si particulier de Don Hertzfeldt vous rebute.

8/10