Des vestiges d’un autre monde, des vestiges du passé ?

Des îlots épars, des poches de résistance de la culture française en Louisiane, de la culture cajun dans l’immensité anglo-saxonne et américaine. Une cause désespérée, une cause perdue d’avance ? Par le fond c’est très touchant (même parfois jusqu’aux larmes), pour la forme c’est une excellente entrée en la matière par le condensé, une mosaïque renversante de porte-flambeaux obstinés (Joe Falcon, Cléoma Breaux, Dennis McGee – défendant la culture de sa mère née Lafleur –, Iry LeJeune, Dewey Balfa, Marc Savoy…) de leur culture et traditions à travers toutes les générations (telle une petite encyclopédie riche en histoire et informations). La langue s’est le mieux conservée par les chansons et la musique (violon, accordéon, guitare), aussi la culture demeure vivace tant que l’on non seulement réinterprète le répertoire traditionnel au goût du jour avec des influences nouvelles mais surtout si l’on continue à créer… Des vestiges d’un autre monde, des vestiges du passé ? Ce qui était le quotidien de la diaspora française dans les classes populaires de ces lointains descendants d’ancêtres français lors des salles de bal de fin de semaine ou des fêtes de village a à maintes fois failli disparaître pour de bon sous la récente ère de la mondialisation (américanisation sous les assauts répétés et les rouleaux compresseurs exclusivement anglophones de la télévision et différentes vagues de la musique country, du rock, etc…) a chaque fois était sauvé de justesse et par miracle (combien de fois encore ?) à l’initiative de quelques musiciens illuminés… qui ont relancé le renouveau et renaissance de la fierté de l’identité et de la culture cajuns marginalisées, ringardisées, stigmatisées jusqu’à en avoir honte. Un regain d’intérêt suscité aussi parmi le jeune public grâce aux récents festivals de musique folk en y gagnant en visibilité et crédibilité et en pouvoir d’attraction. 


Sans oublier les grandes figures du zydeco que l’on doit aux créoles (Amédé Ardoin, Clifton Chenier… et l’instrument de musique moderne : la planche à laver).   


Il est très dommage par le sous-titrage français actuel (dans l’excellente restauration de 2021) de perdre toute la saveur du particularisme du français régional et formes populaires cajuns (pourtant le propre même de l'esprit cajun) et de se perdre dans des paraphrases interminables aussi ridicules qu’ampoulées et approximatives sans cœur ni âme.


Des archives sonores et vivantes sauvegardées grâce à la documentation de ce film (précieuses images d’interviews et captations de concerts) mais dans la réalité la musique franco-louisianaise de nouveau populaire survivrait (par la diminution de locuteurs francophones) vaille que vaille combien de temps encore ?


TGM Xaintorxare

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le 23 avr. 2023

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