Qui a vu A Bittersweet Life sait à peu près quoi s’attendre avec cette nouvelle livraison de Kim Jee-Woon : vengeance à tous les étages, sur les terres bien balisées sur thriller coréen, formaliste et ultra violent, qui lorgne d’autant plus vers le cinéma de Park Chan-Wook qu’il embauche ici Choi Min-Sik en grand sadique baroque.


Le principe du récit semble une nouvelle fois particulièrement éculé : le même bellâtre que dans l’opus précédent, Lee Byung-Hun, va sombrer dans une spirale de violence pour venger l’assassinat de sa femme qui révèle au moment de sa mort qu’elle est enceinte, (bonjour Seven pour le petit plus pour accroitre la rage du vengeur). Sur un canevas aussi basique se greffe une exploration de la loi du Talion qui rappelle un moment le Caméléon (ce qui n’est pas un compliment), puis à The Crow (ce qui n’en est toujours pas un), avant de dévier vers des directions qui pourraient s’avérer plus fertiles. Transformé en monstre presque équivalent de son evil twin, le héros entraine dans sa chute tous ceux qui l’entourent et ne peut plus vraiment susciter l’empathie attendue dans ce genre de récits.


Il semble surtout, en réalité, que les extrémités qu’il atteint sont un habile moyen de déployer à l’écran une débauche de violence gratuite, qui frise la malhonnêteté : mutilation, perversion, cannibalisme, corps criblés de coups, boucherie à tous les étages, on en vient à s’étonner que les enfants soient épargnés (cela dit, on aura quand même supprimé –voire dégusté – un fœtus, c’est déjà ça). Autant, dans Old Boy ou Sympathy for Mr Vengeance, la violence et le gore s’intégraient parfaitement à l’esthétique et au raffinement pervers de l’ensemble, autant le ridicule est souvent atteint ici.


Le formalisme de Kim Jee-Woon est certes toujours d’actualité : lyrisme ampoulé, contraintes dans l’espace, comme ce massacre dans l’habitacle d’une voiture qui fait furieusement penser à ce superbe plan séquence des Fils de l’Homme, nervosité des caméras embarquées… le réalisateur se dépense sans compter, mais sa surenchère généralisée (dans les ficelles, dans la violence, donc, le sentimentalisme et la longueur, surtout, 2h20 !) gangrène beaucoup l’ensemble.


On ne peut nier qu’un véritable auteur est aux commandes, et que ses partis-pris jusqu’au-boutistes ne sont pas dénués de charme. C’est tout de même assez fatiguant, et à consommer à dose homéopathique.

Sergent_Pepper
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le 7 févr. 2016

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