J'ai rencontré le diable est la troisième contribution de Kim Jee-woon au 7ème Art que je visionne. Après un Le Dernier Rempart américanisé qui redorait le blason perdu d'Arnold Schwarzenegger puis un 2 Sœurs tout simplement effrayant et bien pensé, j'attendais avec impatience ce film.
Il faut dire que ce dernier jouit d'une certaine popularité. Il est, sans doute, avec Old Boy de son compatriote Park Chan-woon, un des films les plus connus du cinéma sud-coréen actuel. On peut même le catégoriser dans la section "film culte". Une chose rare qui en dit long.
J'ai rencontré le diable est donc une sordide histoire de vengeance (thème cher aux sud-coréens, il faut croire). Avec cette ligne de conduite, le scénario risquait de rester plat et peu intéressant. Et... c'est un peu le cas. Kim Jee-woon donne la mauvaise impression de vouloir justifier toute cette effusion de sang pour légitimer cette vengeance (qui prend d'ailleurs des proportions gigantesques, et disons le, bien jouissives). Personnellement, ce procédé ne me dérange pas. On ne regarde pas un film de cette trempe pour son scénario, même si en fin de compte, il soulève quelques questions plutôt justes sur l'être humain et des désirs (qui peuvent être contestables, j'en conviens).
Kim Jee-woon marque des points pour la forme du film (le fond étant le scénario). Pendant 2 heures 15, c'est le gros bordel. "J'ai rencontré le diable" se rapproche même d'un film d'horreur haut de gamme par certains aspects. Je pense en particulier aux scènes de torture, filmée avec brio et d'une force considérable (le talon d'Achille coupé, les coups sur la tête). Certaines scènes sont tellement impressionnantes physiquement qu'elles touchent mentalement. Une violence physique doublée d'une violence mentale, si c'est pas beau tout ça.
Les deux acteurs effectuent tout deux un sacrée performance, en particulier Choi Min-sik. Ce dernier est tout simplement époustouflant en sérial-killer charismatique et cinglé. La scène d'introduction le démontre clairement, toute sa folie enveloppant le spectateur (ce jump-scared ! ). Et c'est de mieux en mieux au cours du film jusqu'à ce final particulièrement vicieux (une marque de fabrique chez les asiatiques). Sans spoiler, on rencontre, au cours du film, un autre cinglé... d'un autre genre mais tout aussi génial.
Niveau réalisation, c'est du lourd. La caméra reproduit parfaitement les pensées de personnage (à la main, tremblements, rapidité d’exécution et cetera). Coup de cœur pour les scènes d'action pure, du grand spectacle en perspective. Kim Jee-woon arrive à lier ces deux aspects pour produire un résultat étonnement efficace.
J'ai rencontré le diable suit le parcours sanglant de la vengeance, le mauvais côté des choses, la force animale des personnes. Difficile de rester insensible à ce long-métrage, tant Kim Jee-woon assure dans tout les domaines.
Bien qu'on puisse se poser des questions quand au but de ce film, J'ai rencontré le diable reste un spectacle explosif, très bien maîtrisée et d'une force considérable.
Un proverbe chinois disait ceci : "Si quelqu'un t'a fait du mal, ne cherche pas à te venger. Va t'asseoir au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre".
Kim Jee-woon montre qu'il existe une autre façon de voir passer le cadavre... une méthode moins calme.