"Une merveille !". C'est ce qu'on peut lire en haut de l'affiche. Je reste dubitatif, très dubitatif.
Blue Ruin est d'une simplicité effrayante : un homme cherche à se venger, point barre. Les scénarii tenant sur un post-it ne me dérange absolument pas, au contraire, ils permettent de développer en profondeur le cœur du sujet en évitant de s'égarer dans tous les sens comme c'est souvent le cas avec les films aux intrigues complexes et emmêlées. Le problème, ici, est que ce long-métrage n'analyse en rien la psychologie de son personnage, interprété par un Macon Blair peu crédible voir ridicule par moment (le final). Pourtant, c'était sûrement la chose à ne pas laisser de côté, car le film repose entièrement sur les épaules de ce petit gros au regard abruti. Donc, pendant une heure et demie, on le suit dans ses aventures, traquant et tuant les assassins de ses parents. Le rythme est lent, mais n'est pas réellement un problème, quelques scènes venant pimenter légèrement l'action (la chasse dans la maison, la confrontation entre un des frères et le personnage principal). L'aspect négatif se matérialise dans la vacuité exceptionnelle du long-métrage. Blue Ruin ne propose absolument rien de nouveau et se contente d'aligner une histoire très basique, enrobée de méchants assez amusants (rednecks) et de dialogues hallucinants d'ennui, heureusement, il y en a peu.
Le pire réside dans l'aspect esthétique du film. Jeremy Saulnier souhaite filmer avec beauté, essayant de rendre justice à la solitude du personnage en le montrant seul, dans le silence. Mais, le concept ne prend jamais. Le réalisateur manquant assurément de talent, s'enfermant de ce fait dans la tendance cinématographique actuelle qui consiste à filmer de manière "moderne", j'entends par là les longues scènes sans bruits montrant le personnage principal, avec quelques paillettes colorées et j'en passe. Le phénomène Sundance, sûrement (assez énervant, au final). Malheureusement, Blue Ruin tâche énormément sur ce coté-ci.
Blue Ruin est un film très moyen, qui tombe souvent dans la lassitude, la faute à un manque flagrant de punch et de cojones. Pourtant, je pars optimiste pour la suite concernant Saulnier, il ne peut que s'améliorer !