La première scène s'ouvre sur un jeune homme à l'air égaré mais sûr de lui, planté au beau milieu de nulle part. Il porte un petit bonnet, couvrant sa coupe blonde rebelle et des habits usés, signe d'un long voyage effectué.


Ce garçon est Mike Waters, prostitué homosexuel toxicomane en quête de son passé, de sa réelle identité.
My Own Private Idaho raconte sa perpétuelle recherche, où naviguent beaucoup de personnes, n'étant que des fantômes illusoires n'ayant pour rôle que de le garder dans la réalité. Mike est narcoleptique, il s'endort subitement et est pris de convulsions quand il se trouve dans une situation de grand stress. Pendant ces interludes, il revit son passé. Non en tant qu'acteur, mais en tant que spectateur, ce qui accentue la distance entre lui et son passé.
Qu fait-il de sa vie ? Rien, ou si, des choses basses pour un être humain : vendre son corps pour vivre, ou avoir un semblant de vie. Il est seul, même sa troupe de pecnots dégueulasses ne l'aident pas à sortir de sa sempiternelle torpeur. Il y a bien Scott Favor, futur héritier dont Mike tombe amoureux. Pour Scott, la drogue et la prostitution ne sont que des jeux, pour faire passer le temps. Un fossé existe entre lui et Mike. Leurs vies ne sont pas les mêmes, tout comme leurs intentions.
La scène où Mike avoue son amour pour Scott est d'un mal-être très palpable. On sent que Mike met tout son cœur dans cette révélation mais pour quoi en fin de compte ? Plus de douleurs et de rancœurs. Deux choses qui seront accentuées quand les deux jeunes iront à Rome, où Scott tombera amoureux d'une petite femme. Mike est encore seul, et le restera.
Dès le début du film, nous savons que Mike est condamné. Jamais il ne trouvera le bonheur, les drogues ne sont que des illusions, permettant de s'échapper de la réalité un court moment. Et encore, Mike ne prend pas grand plaisir à sniffer. Que sont ses seuls moments de bonheur alors ? Sa narcolepsie est salvatrice : il revoit alors sa mère, son frère aîné... La joie en étant inconscient, en somme. Mais c'est toujours illusoire, la réalité ne répond pas à ses fantasmes oniriques/maladifs.


My Own Private Idaho est un film négatif, très nihiliste dans son approche de la vie. Gus Van Sant, en 90 minutes, arrive à émettre plusieurs critiques, en particulier celle de la société (thème persistant dans son oeuvre). Avec des plans travaillés, et une compositions musicale s'adaptant très bien au contenu (rock, blues), il réussit à donner une certaine force à son bébé.
Le film souffre pourtant de quelques défauts, en particulier Keanu Reeves, qui peine à convaincre malgré une bonne volonté évidente. Il semble très distant, et n'arrive pas à transmettre les émotions que son personnage laissait entendre. C'est la même chose pour tous les autres acteurs, même si c'est un petit plaisir de retrouver Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers dans un second rôle collant à merveille à sa personnalité.


Maintenant, parlons de River Phoenix. L'ange blond nous livre une prestation tout simplement hallucinante, de par sa sobriété et sa force. On ne peut qu'être toucher par son jeu, à la fois pur et franc. Bien entendu, le personnage qu'il interprète joue beaucoup, mais même sans ça, il faut lui reconnaître un talent exceptionnel (déjà confirmé dans Stand By Me) pour faire transporter le spectateur.
Une grande perte pour le 7ème Art.


My Own Private Idaho est un Gus Van Sant majeur, idéal pour débuter dans le carrière du bonhomme. C'est un long-métrage honnête et agréable.


I love you, and you don't pay me.

Nikki
7
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le 27 févr. 2014

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