The love, then the death.
La lecture de "Simetierre" est éprouvante. Artisan des mots, manipulateur des émotions, Stephen King nous livre ici une oeuvre tellement puissante qu'elle en devient gênante.
"Simetierre" aborde le thème de la mort d'une façon frontale, sans épargner ses chers lecteurs. La mort frappe, et ne prévient pas.
Les Creed sont l'archétype de la famille américaine joyeuse, soudée et aimante. Ils emménagent dans une jolie maison, avec de gentils voisins (vieux de surcroît, mais pas forcément très sage, comme on le découvrira). Même le temps est au beau fixe lors de la scène d'introduction, tout est paisible donc.
Mais c'est sans compter un cimetière, un cimetière assez spécial car il ne compte que des cadavres d'animaux. Toute l'histoire tournera autour de cet élément. Mais n'entrons pas dans les détails.
"Simetierre" met très mal à l'aise, le rapport à la mort touche directement le lecteur. Le cimetière n'est qu'un prétexte scénaristique pour explorer les fonds de l'Homme : sa tristesse, sa colère, son désarroi, sa douleur. Peut-on faire vivre ce qui est mort ? Peut-on donner une seconde chance ? Mais à quel prix ? Que de questions traitées avec précision et perspicacité par un Stephen King au top de sa forme. Le côté "easy" que pouvait avoir "Charlie" est définitivement tourné. Plus précis, plus chirurgical, mais aussi plus mature, King apporte un tournant à sa carrière.
Tout au long des pages, on assiste à une douleur sourde, universelle ; la perte d'un proche. Stephen King se montre froid, étonnement éloigné de ses personnages. Il ne les protège pas, bien au contraire, plus grande est la souffrance, plus puissante est la jouissance. La peur participe fortement à ce climat noir, je pense en particulier à la scène d'une visite nocturne dans un cimetière. Stephen King joue sur nos peurs les plus primaires, mais aussi les plus profondes. Pas de méchant, non, juste la mort et l'espoir perdu.
L'amour est plus fort que tout ? Non, la mort est plus forte que tout et le pauvre Louis Creed en prendra note à maintes reprises.
Avec "Simetierre", Stephen King signe un de ses meilleurs romans. D'une force indescriptible, d'une froideur effrayante, "Simetierre" s'impose comme un incontournable.
Et ces trois dernières pages... mon dieu.