Le début de la fin pour Coppola

1996. Francis Ford Coppola a depuis un moment clairement changé de registre et on le reconnait plus comme le réalisateur du Parrain ou d'Apocalypse Now. Le dernier volet de sa fameuse trilogie n'a pas emballé grand monde, pas plus que son adaptation kitch (mais merveilleuse) de Dracula. Quatre ans plus tard, il revient avec un film inattendu au possible, une comédie dramatique narrant la vie d'un enfant de dix ans atteint de progéria, autrement dit son corps vieillit fois plus vite que la normale. Un sujet intéressant hélas extrêmement pris à la légère qui va continuer d'enfoncer le réalisateur dans les méandres de l'anonymat...

Jack raconte donc la vie (enfin l'enfance) de Jack, enfant de dix ans dans un corps d'adulte, qui va quitter le cocon familial pour aller à l'école et se faire des amis de son âge. Comme tous les enfants, Jack est farceur mais aussi timide et mal dans sa peau d'adulte. Pourtant, il va réussir à convaincre les plus septiques de sa classe qu'il peut être lui aussi un camarade comme les autres. Sauf que Jack est interprété par le toujours aussi excentrique Robin Williams et que du coup, on n'y croit jamais. Tourné comme une fable prônant la tolérance et l'amitié façon Stand by Me, le long-métrage ne sait jamais sur quel pied danser entre la comédie (les multiples frasques des gosses) et le drame sensibilisant (faut pas oublier que Jack va mourir prématurément).

Robin Williams alterne donc entre l'excentricité lourdingue qu'on lui connait et entre des moments censés être plus touchants mais le mal est fait : on n'y croit définitivement pas et c'est tout le film qui en pâtit, surtout lorsque Jack a une attitude de mini-attardé qui a du mal à faire ses lacets alors que ses copains sont déjà plus adultes dans leurs têtes et lisent Penthouse en cachette. Film familial un tantinet trop dur, drame poignant trop léger : Jack est un long-métrage on ne peut plus maladroit qui, à l'instar de son personnage principal, a constamment du mal à trouver sa place. Au final, même s'il part d'un bon sentiment, Francis Ford Coppola n'arrive pas à mettre en scène un film convaincant et se met les pieds dans le plat en dépit de quelques séquences sincèrement réussies.