Et nous voilà avec le parent pauvre de ce calendrier de l’avant. Il en faut bien pour tous les goûts. C’est un peu comme ces boîtes de chocolat à 3 francs six sous que vous offrent vos proches. Parfois vous tombez sur l’échantillon le moins bon de la palette qui vous laisse un arrière-goût désagréable en bouche, comme une praline trop prononcé. Et bien ce petit écrin sirupeux qui vous colle au palais c’est Jack Frost de Troy Miller et Jeff Cesario. Deux illustres inconnus au bataillon qui n’ont pas fait grand-chose d’autres de leur peu prolifique carrière, si ce n’est une poignée de mauvais téléfilms et des spectacles de stand-up, paraît que y en a qui aime ça…


Avant de devenir un abominable bonhomme de neige en image de synthèse, Jack Frost n’était donc pas un serial killer, mais bien un chanteur de groupe craignos qui tentait de vivoter de sa passion à défaut d’être suffisamment présent à la maison pour son fiston. Alors qu’il été en passe de signer un gros contrat, une sortie de route l’aura privé de son foyer et de ses rêves les plus fous. Après ça, Noël ne sera plus jamais comme avant pour Charlie qui aura bien du mal à s’en remettre. En souvenir de son père, ce dernier érigera un bonhomme de neige devant sa maison. Et c’est en jouant de l’harmonica magique que le fabuleux miracle se produisit : Jack va revenir à la vie le temps d’un hiver ou bien est-ce le gamin qui se met à avoir des hallucinations ? Un doute persiste, tant le duo de cinéastes jouent la fameuse carte du « y a que moi qui peut le voir mais pas les autres », suscitant au mieux la pitié, ou pire l’irritabilité du public rompu à cet exercice de style.


Dommage, il eut été intéressant de creuser la piste des névroses plutôt que celle du fantastique. Au lieu de reprendre sa carrière de rockstar en devenir, Jack va donc saisir cette seconde chance qui lui est offerte pour devenir un meilleur père et apprendre à son fils à ne plus être la victime de la cour de récré. Au programme des festivités : Luge d’hiver, batailles de boules de neige, sulfateuse de giboulées dans le casque, j’en passe et des moins bonnes. Le paternel ira même jusqu’à braver la fonte des glaces pour aller voir son fiston jouer un match de hockey. Un joli sacrifice à mettre à son actif. Après tout ne lui avait-il pas promis peu de temps avant de disparaître ? Pas question néanmoins d’assumer d’avantage ses devoirs conjugaux, puisqu’il lui faudra dormir à la belle étoile sans quoi il foutrait de l’eau partout dans le salon. Cela va s’en dire, ce n’est certainement pas avec sa chute de carotte lui servant de nez qu’il sera capable de satisfaire madame au lit.


Jack Frost rabat donc les cartes de la quête initiatique, abordant l’épreuve de deuil, de la nécessité de se reconstruire, d’aller de l’avant et de ce qui importe vraiment dans la vie (la famille, le partage, et toutes ces conneries). Comble de l’ironie, le make-up du bibendum chamallow s'avère plus effrayant que le costume de bonhomme de neige conçu par Screaming Mad Georges pour le slasher de Michael Cooney (Jack Frost) sorti un an plus tôt. Le film dispose néanmoins d'un sympathique décor de studio et de quelques environnement montagneux, et paysages cotonneux digne d'une véritable carte de vœu. De quoi émerveiller les plus fleurs bleues d’entre vous. Plus niais que cela, on ne fait pas, sauf peut-être dans les téléfilms diffusés sur TMC les après-midi. Qui sait, Michael Keaton arrivera peut-être à vous faire fondre de larmes si vous êtes suffisamment sensible ou bien assez idiot pour rire à ses blagues au ras du caniveau.


Viens, viens sur la montagneeeuuuu... Tout près du cieeeeel j'ai ma maisooooon ! Viens, viens sur la montagneuuuuuu, Là-hauuuuuuut il fait si booooonn !



En cette période de festivités où il convient de se réunir en famille, d'ouvrir les cadeaux et de déguster une bonne pintade fourrée. L’Écran Barge vous propose de déterrer la hache de guerre en pervertissant l'esprit de Noël. Cette sélection de films saisonniers accompagnés de critiques virulentes et acerbes est donc réservés aux viandards, aux bisseux, aux tueurs de masses, aux durs à cuirs, aux frustrés et à tous ceux qui ne croient plus aux bons sentiments et à la paix dans le monde depuis bien trop longtemps.

Le-Roy-du-Bis
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le 6 déc. 2024

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