C'est l'aventure
Je pensais pas que j'allais me marrer autant.Bon, clairement c'est grâce à François Damiens qui arrive à rendre ses répliques hyper drôle avec son incarnation de crétin fini. Benoît Magimel apporte...
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le 24 mai 2023
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Aurélie Diaz (Joséphine Japy) veut à tout prix marcher sur les traces de son père, explorateur, à la recherche du trésor qu'il n'a jamais trouvé sur l'île de Val Verde. Elle décide de recruter les services de Jack Mimoun (Malik Bentalha), aventurier médiatique et auto-proclamé qui n'a, contrairement à ce qu'il affirme, jamais mis le pied sur l'île de Val Verde...
Difficile de mettre une note juste, car quand je suis sorti du film, je voulais clairement le valoriser. De là à monter à 7, il manque un petit quelque chose...
Cela dit, c'est révélateur du gros point positif du film : Jack Mimoun est un film qui ne cesse de s'améliorer en avançant. Le problème, c'est qu'il part d'assez bas... Au début, on a un peu peur de passer un mauvais moment, puis quand François Damiens arrive dans le film, l'humour commence à décoller. Il y a quelques jolies perles, et le duo François Damiens/Jérôme Commandeur passe vraiment bien. Malik Bentalha est lisse comme son héros, et Joséphine Japy remplit essentiellement le rôle d'être jolie, mais il faut dire qu'elle le remplit particulièrement bien.
Donc en gros, après une vingtaine de minutes, on se tape 45 minutes d'humour moyen, entre blagues étonnamment drôles et vannes qui tombent à l'eau, mais sur un ton toujours très bon enfant. Au moins, on n'est jamais dans la vulgarité ou dans l'humour qui cherche à être le plus nul possible. Si l'humour n'est pas toujours brillant, reconnaissons à Malik Bentalha d'avoir constamment cherché le gag juste. Même s'il ne le trouve pas toujours, la démarche est extrêmement sincère.
La démarche est sincère à tous les points de vue, d'ailleurs, mais celui où ça ne se voit pas trop, c'est la mise en scène. Il y a 15 millions d'euros de budget, mais à part quelques plans de jungle en hélicoptère, un scorpion et une araignée en synthèse, une carcasse d'avion dans les arbres, et une caverne remplie de pièces d'or en plastique, il n'y a quand même pas grand chose, quoi. Au moins, les décors sont naturels, et c'est peut-être déjà beaucoup.
Mais surtout, il manque les plans les plus élémentaires de la spatialisation, ce qui donne un air désespérément cheap, presque fanfiction de YouTube à un film qui voudrait valoir (et qui vaut) mieux que ça. Par exemple, on nous montre sur un plan large la cascade que visent nos personnages, puis après quelques scènes, on nous les montre qui arrivent... à l'intérieur de la cascade, sous l'eau qui coule ! Jamais on ne verra à quoi ressemble le paysage autour, on a évité soigneusement de trop nous en montrer. Et ils nous font le coup plusieurs fois, donnant l'impression d'un budget très resserré. Je reste persuadé que pour 15 millions d'euros, ça pouvait être plus ambitieux visuellement. Alexandre Astier s'est bien mieux débrouillé, lui, avec le même montant...
L'autre gros défaut du film, c'est que pendant toute sa première heure (voire un peu plus), il enchaîne les péripéties artificielles, sans qu'on y croie jamais. Déjà, tout a déjà été vu 150 fois ailleurs (l'avion dans les arbres, divers animaux venimeux, les sables mouvants, l'aventurier vaillant qui sauve les gentils au moment où on les croit perdus, le pont de vieilles poutres pourries, etc.), mais à la rigueur, on peut mettre ça sur le compte du pastiche. Le problème, c'est que ça n'est jamais assez drôle pour être mis sur le compte de l'humour, et jamais assez épique pour y voir un récit gentiment premier degré. La scène des sables mouvants, particulièrement, c'est le pompon du cheap de chez cheap...
Visiblement, ça se veut un hommage à Indiana Jones ou Belmondo, mais ça n'évoque jamais ces deux trop lointains modèles. Dans le meilleur des cas, il y a un petit côté La Chèvre. En même temps, je sais que le physique ne fait pas tout, mais vues les corpulences de Malik Bentalha et de Benoît Magimel, on a quand même du mal à se croire dans un film d'action...
Mais malgré tout, Jack Mimoun est fait avec coeur et ça se sent. L'humour de Malik Bentalha est rarement révolutionnaire et c'est dommage, ça fait que beaucoup de vannes ne vont pas assez loin. Néanmoins, les quatre personnages qu'il construit sont, eux, tout-à-fait délicieux, c'est probablement la grosse surprise du film. Evidemment, la vedette est volée par l'hilarant François Damiens, qui fait rire dès qu'il ouvre la bouche (ou presque). Son duo avec Jérôme Commandeur permet à ce dernier de trouver enfin l'équilibre du mollusque attachant qu'il peinait à trouver dans ses films précédents. Même si on voudrait que les éclats de rire se multiplient, on peut reconnaître que beaucoup de scènes sont à tout le moins plaisantes, et qu'on rit de manière tout-à-fait raisonnable et surtout toujours saine.
Sur une partition tout-à-fait réussie de Matthieu Lamboley, les péripéties s'enchaînent donc sans grande conséquence, jusqu'au tournant du film. Tout-à-coup, nos personnages se trouvent face à un pont de cordages au sommet d'une falaise. Tout-à-coup, le film devient plus ambitieux visuellement. Tout-à-coup, une (légère) surprise scénaristique affecte nos personnages. Tout-à-coup, le film entre dans son dernier acte franchement potable voire même assez bon. C'est le coup de fouet qu'il fallait, et ce qui n'était qu'une redite sans originalité de n'importe quel film d'aventures des années 80 se transforme en une réinvention plutôt sympathique (mais toujours pas révolutionnaire) des Goonies.
Alors les faiblesses du film subsistent dans ce dernier acte, mais enfin, le scénario resserre ses enjeux et malgré des dialogues de piètre qualité, trouve enfin à diriger le récit dans la bonne direction. C'est un peu tard, mais on en profite enfin, et on se rend compte que, mine de rien, on s'était un peu attaché aux personnages...
Suffisamment, en tous cas, pour que le cliffhanger final nous fasse soudain voir sous un jour étonnamment positif l'idée de revoir ces quatre excellents personnages dans des aventures égyptiennes. Et finalement, même si on n'y croit pas trop, on aimerait bien que Jack Mimoun fonctionne juste assez au box-office pour que ça passe...
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Créée
le 26 oct. 2022
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