Ce que j’aime bien avec les bandes annonce, c’est que l’expression faire passer des vessies pour des lanternes ne fait jamais autant sens qu’en s’y retrouvant confronté. Là on nous vend du Drive, un peu de Bullitt, voire un poil de Jason Bourne.
En plus Tom Cruise est un putain de poseur ; c’est bien connu.
Eh bien pas du tout, si bien qu’on est surpris de se retrouver en face d’une scène d’introduction baignée dans la lumière du jour, tout ce qu’il y de moins esthétisante ou maniérée. En fait ce film est tout sauf maniéré, ce film ne fait pas dans la pose de magazine pour coiffeur (pour une fois), ce film fait dans le direct et le simple.
Même Tom Cruise ne tient pas la pose plus d’un quart de seconde ; un record.
En fait je vais vous dire ce qui est bien avec ce Jack Reacher : tout ce qu’il ne contient pas.
-Pas de menace terroriste, donc pas de sauvetage du monde libre.
-Pas de fond vert, donc pas de monument historique qui explose/implose/se désintègre.
-Pas d’explosion.
-Pas de scène de baiser entre le héros et la poule, qu’elle soit en détresse ou pas.
-Pas de chanson de linkin park, ni de nickelback, pas de chanson du tout en fait.
-Pas de fin ouverte de mes deux.
Ce qui est bien avec ce Jack Reacher c’est déjà que Tom Cruise est sobre (prenez le dans le sens que vous voudrez), qu’il semble jouer de son image de playboy avec une finesse insoupçonnée, et que quelques dialogues bien ciselés font plaisir à entendre ; même de sa bouche. Ça ne l’empêche pas d’ôter son T shirt à un moment opportun pour prouver qu’à 50 piges on peut toujours faire pisser dans les chaumières, et de se la donner grave, à pied, en voiture ou en bus.
Bon y a Duvall qui cachetonne mais ça fait toujours plaisir de voir sa trogne de vieux briscard de nos jours, la blonde est supportable (disons qu’on a vu pire), et même si Jenkins fait tapisserie je ne l’avais pas trop croisé depuis Six Feet Under, alors pourquoi pas.
MacQuarrie filme plutôt proprement, sans éclat mais sans tâche non plus ; et puis il y a cette sensation diffuse et pas désagréable de saisir un semblant de révérence à des films comme Dirty Harry ou Bullitt dans le côté vigilante à répartie écrasante ou justicer qui roule américain. Clin d’œil qui se voit comme le nez au milieu de la figure lors d’une course poursuite durant laquelle la musique laisse la place au chant des moteurs de bagnioles ; pas comparable à la célèbre scène avec Mc Queen, mais pas dégeu non plus.
Ça aurait pu monter à 7, ce petit actioner bien sympathique et efficace. Si seulement il ne se trainait pas des casseroles du genre Jai "un charisme de poireau" Courtney —futur McLane junior et espèce de sosie de Worthington après trois coups de batte, ou bien Herzog littéralement à un doigt (vous verrez) de s’endormir devant nos yeux sceptiques dans son rôle de méchant digne d'un Austin power. Si seulement son intrigue avait plus de substance, et si ses enjeux semblaient plus palpables (c’est quoi cette compagnie mystérieuse ?). Un peu lacunaire faute à une histoire sous forme de one shot appartenant pourtant à un tout, les ficelles de l’intrigue laissent un petit goût de frustration.
Pour une fois que Tom Cruise est supportable, que l’action est lisible et le rythme régulier, que la musique reste à sa place, que les dialogues se sortent un peu les doigts du cul, pourquoi faut il qu’il manque de ce jusqu’au boutisme pourtant vendu comme concept de base du personnage principal ?
Tom Cruise prendrait il un rythme de croisière ? (jeu de mot)