Clown triste : déprimant et destructeur...

Généralement, c'est quand vous partez en retraite ou que vous mourez qu'on dit tout le bien qu'on pense de vous....

Fini pour les premiers : peu d'employés pourront encore se vanter d'avoir fait quarante ans dans la même boutique, devenus désormais des pions qu'on envoie un peu partout au titre de la mondialisation et des besoins...

Lors de ces départs, on a rarement vu les récipiendaires se faire "engueuler" Comme à une remise de césars, molières ou autres médailles narcissiques en chocolat..

Quand aux décès, plus le temps d'honorer ses morts... On brûle : seuls les plus chanceux ou prévoyants y échappent... Une société qui n'honore plus les défunts va à la mort elle-même...

Restent les média pour ceux qui ont connu la popularité...

J'étais dons perplexe, et à la limite de la crédulité, sur la possible crédibilité d'une biographie qui n'allait retenir que le meilleur de l'artiste, en l’occurrence un enfant chéri du peuple comme Villeret ?

Et bien non, Christophe Duchiron n'a pas fait pas dans la langue de bois...

On n'en sait pas grand chose ni sur ce qui le fait courir : le service des sports un temps ( ! ) des documentaires, notamment sur Blier, Desproges et maintenant Villeret...(1951-2005) auquel France 3 rendait hommage pour les 20 ans, date anniversaire de la mort de l'artiste, en projetant cette rétrospective de sa longue carrière.

Le clown était-il déjà voué à la tristesse, étant bébé ?

Il était né Jacky Boufroura à Tours, et n'aura jamais connu son père biologique : ses parents divorcent alors qu'il n'a que neuf mois, et il sera élevé par le nouveau mari de sa mère...

Il retrouvera son vrai père mais la rencontre se passera mal : l'homme ne le regarde pas, ne lui parle pas... De quoi vous déboussoler quelqu'un qui cherche ses racines... Hallyday avait déjà tenté la même démarche, en vain....

Personne ne nous le cache dans ce film : Villeret était alcoolique, mais gravement imbibé à un point que je ne soupçonnais pas : omerta du show-biz... Il mourra probablement de cette addiction à la suite d'une hémorragie interne, due à sa maladie hépatique...

Tous ceux qui ont essayé de l'en sortir en ont été meurtris : il avait des crises de violences sous forme de delirium tremens violents, et dangereux...

Christophe Duchiron et Claude Lelouch ont ainsi le courage de nous montrer lors d'un tournage, Villeret dansant avec une figurante : Lelouch avait bien détecté chez l'acteur un état d'esprit inquiétant sur la scène qu'il allait jouer dans "Les uns et les autres"...

C'est arrivé à la surprise générale...

Pendant une prise de vue il a repoussé très brutalement sa partenaire qui doit encore se demander ce qui lui était arrivé. En hurlant, et l'insultant de "pute"... Alors qu'on essayait de le calmer , il traita un membre du tournage de pédé puis la caméra a cessé le tournage lors de la bagarre qui s'est ensuivie...

Conclue en forme d'excuse par un Villeret lâchant un "C'est du cinéma , hein ?"

Non.

Il faut se faire une raison : Villeret, qui paraissait être un gros nounours, était invivable et dangereusement aliéné par l'alcool... Oubliant même ses textes...

Alors dans les témoignages, il y a les gentils, ceux qui ne nient pas les faits mais se contentent d'évoquer son talent comme Patrice Leconte lui reconnaissant son sens créatif admirable...

Ou Francis Veber, ou encore Jean-Michel Ribes, son ami...

Et aussi Jacques Weber qui l'a très tôt, trouvé génial... Ou encore un Thierry Lhermitte soulignant qu'on lui faisait souvent jouer des rôles de cons, et qu'à l'interprétation, le côté bêta qu'on attendait s'estompait au profit de quelqu'un de touchant...

Comme si ça ne suffisait pas, sa femme, Irina Tarassov, épousée le 26 décembre 1979, demanda le divorce en 1998 au cours d'un divorce extrêmement difficile,vengeur...

(NB : Ce n'est pas dit dans le document, mais pour l'obliger à revenir, Villeret avait coupé les vivres et le téléphone à l'ancienne speakerine...)

Elle serait à 'origine des dettes du couple bien que son ex-femme s'en défende...

On le voit, tout a concouru à la descente aux enfers et n'ont pas arrangé la vie de l'acteur...

Au point que certains, comme Montand, ne voulaient plus jouer avec lui : Berri dut céder et renonça à le recruter dans "Jean de Florette", ce qui rendit encore plus amer Villeret...

Lequel affirmait ne jamais avoir cherché le vedettariat mais faire ce qu'il aimait...

En découvrant la fin du documentaire de Duchiron, on se dit quel gâchis !

Comment un homme qui a pu faire rire ou émouvoir tant de gens, en rendait d'autres si malheureux ? Sa sœur en parle avec compassion mais comment pourrait-il en être autrement ?

Allez, la messe est dite.

Bravo à Duchiron pour son absence d'hypocrisie et pour son sens de la réalité : même s'il fait mal, son document n'en a que plus de valeur...

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France 3 le 28.01.2025-