Jai Bhim
7.4
Jai Bhim

Film de T.J. Gnanavel (2021)

"Jai Bhim" de T.J. Gnanavel, c'est la version film de prétoire, en beaucoup plus tragique, de la comédie romantique plus légère "Pariyerum Perumal" réalisée par Mari Selvaraj quelques années auparavant, en langue tamoule également, avec le même thème central : les différences de classe et de caste au sein de la société indienne. L'esquisse se confirme et façonne un sous-registre cinématographique bien identifiable, avec des durées interminables qui avoisinent les trois heures, des sentiments forts mis en scène de manière très naïve (qu'il s'agisse d'amour ou de haine, ce qui est frappant), des effets pompiers assez incroyables pour alimenter un pathos torrentiel, et toujours ces moyennes IMDb de folie (même si ce dernier point est un biais d'observation puisque ce sont les places de choix qu'occupent ces films sur ce site qui me pousse à les découvrir) avec des centaines de milliers de vues.


Le film est inspiré d'un personnage ayant réellement existé, l'avocat Chandru et futur juge de la Haute Cour de Madras qui a grosso modo dédié sa vie professionnelle à défendre des dizaines de milliers d'affaires impliquant des personnes appartenant aux castes inférieures traitées comme des sous-humains. Mais très vite on comprend que ce qui nous attend va être terriblement long, à cause de cette mise en scène ne reculant devant aucun artifice et ne ratant aucune occasion d'en faire trop. Mouvements de caméra envahissants sous forme d'allers-retours en zoomant sur le visage de protagonistes aux moments-clés, grosses musiques sur-signifiantes, sentiments en excès à tous les étages (ça tabasse dans les cellules de prison, ça pleure de désespoir sous la pluie face au sort terrible qui s'acharne, ça crie de joie devant une décision de justice)... Un calvaire.


Pour raconter une histoire d'injustice, de corruption, de violences policières, T.J. Gnanavel fait le portrait d'un avocat parfait (intègre, loyal, modeste, intelligent, détaché de l'intérêt financier des affaires, armé de solides punchlines comme "je crois en la vérité") qui s'y oppose. Autant dire que le film s'embourbe dans un manichéisme surnaturel, qui n'a aucune vertu sur le plan strictement cinématographique : les méchants sont méchants et coupables, et on le sait parfaitement. Les gentils sont gentils et innocents, et on le sait parfaitement. Pas sûr que ce soit la méthode la plus efficace pour documenter un fait historique ou pour faire un film intéressant.

Morrinson
3
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le 3 juil. 2024

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