Tout tourne autour du nombril et un peu ailleurs...

Après Bachelorette en 2012, la réalisatrice et scénariste Leslye Headland revient avec une comédie romantique s'inspirant de sa vie. Mais en dehors de la merveilleuse interprétation d'Alison Brie, on a rarement l'occasion de prendre son pied devant ce film parlant ouvertement de sexe, comme on cause du temps. Cette tentative de renouveler le genre est faussement originale et souvent prétentieuse.


Lainey (Alsion Brie) veut perdre sa virginité avec Matthew (Adam Scott), le gars le plus ennuyeux de l'étage, voir de la fac. Par un concours de circonstances, c'est avec Jake (Jason Sudeikis), qu'elle va finir la nuit, avant de disparaître. 13 ans plus tard, par un nouveau coup du hasard, ils vont se croiser et devenir des amis, voir plus, si.....


Leslye Headland affirme s'être inspirée des comédies romantiques d'Howard Hawks et Ernest Lubitsch, en voulant retrouver la fraîcheur de cette époque. Ce sont de belles références, l'intention est louable, mais le résultat est bien loin de ses prétentions artistiques.
Le film a beaucoup de mal à décoller, il arrache quelques sourires, tout en étant un brin dramatique, mais se perd dans des conversations peu stimulantes intellectuellement, en se regardant trop le nombril. C'est surement le gros problème du scénario, ressemblant à un long épisode de la série Girls, sans le talent d'Adam Driver pour nous sortir de la torpeur, ni la folie de Lena Dunham. Le duo formé d'Alison Brie et Jason Sudeikis, n'est pas désagréable, mais le second a du mal à faire passer des émotions, en manquant de subtilités dans son jeu, où il donne l'impression d'être le même personnage que dans Comment tuer son boss ? et Les Miller, une famille en herbe. Il est plus à l'aise dans la comédie potache, que romantique, alors que sa partenaire s'amuse dans tout les genres et s'offre la scène la plus délirante du film (et la seule), comme la plus dramatique, tout est une question de regard et sourire, cela parait si facile pour elle, si naturelle, si..... bref....


La prétention qui se dégage des dialogues, avec ses longues digressions sur les rapports entre l'homme et la femme, le couple, la vie, le sexe, surtout le sexe et encore le sexe, devient vite ennuyeuse. Le DJ Dirty prête un peu à sourire, mais reste surtout un moment où le sexe est encore au centre du débat. Comme au comptoir d'un bar bondé, où un couple d'amis mariés; Xander (Jason Mantzoukas) et je ne sais même plus qui, tant elle est transparente; font étalage de tout leur vocabulaire purement sexuel. Ce n'est pas gênant en soi, mais le problème, c'est que ce n'est ni drôle, ni intéressant, cela tourne à vide, comme une langue autour d'un cli..... pardon, je dérape....
Les mots sont crûs, les scènes de sexe sont plus soft, sauf si on a une imagination un peu trop débordante....Il fallait bien mettre celle-ci en action, vu que le film souffre d'un manque d'originalité, même s'il tente de nous faire croire le contraire. Leslye Headland insert constamment des références culturelles, en citant Jackson Pollock, Eddie Murphy, Khaleesi, etc....au début, c'est sympa, au bout d'un moment, cela devient pompeux, tout comme sa réalisation. Elle utilise les ralentis, sans que cela apporte quoi que ce soit au récit. Il en va de même quand elle tournoie autour de ses personnages durant les nombreux échanges longs et vains. Elle utilise du David Bowie, comme tout autre réalisateur new-yorkais, lors d'une scène de danse avec des enfants, un des rares bons moments, même si elle réussit presque à gâcher le plaisir, en plongeant sa caméra au milieu de ce joyeux bordel. Elle donne aussi l'impression d'avoir du mal à finir son film, en étirant le final, alors que malgré tout ses désastreux efforts, on ne sera pas surpris.


En dehors de la belle prestation d**'Alison Brie**, on appréciera aussi celle d'Adam Scott en homme manipulateur et froid. Leur relation est plus passionnante, que celle qu'elle entretient avec Jason Sudekis, alors que c'est censé être le contraire. Il réussit à faire oublier son côté "comique" et faire preuve d'une noirceur, déjà entrevu dans Six Feet Under. Paradoxalement, c'est dans le drame que l'histoire s'épanouit le mieux. C'est surement dû à un manque de rythme dans la comédie et par extension, de rires. Si on sourit parfois, cela reste bien gentil. Jason Mantzoukas plombe toutes ses scènes, il faut un sacré talent pour réussir cette performance et comme on est pas encore totalement convaincu par sa piètre prestation, on a droit à un bonus horripilant durant le générique de fin. Ne vous sentez pas obliger de rester dans la salle, vous ne raterez rien, mais alors vraiment rien.


Dans la petite ville de New-York, on se croise constamment et on vit paisiblement, sans se soucier du lendemain, alors on s'invente des problèmes pour se donner l'impression d'être intéressant. Cela résume bien ce film prétentieux et vain. La comédie romantique a encore de beaux jours devant elle, mais surement pas grâce à Leslye Headland.

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le 11 sept. 2015

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Laurent Doe

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