J’avais pas trop aimé le dernier Henry Selick que j’ai vu, Coraline, mais il a quand même réalisé le sous-estimé Monkeybone, et évidemment The nightmare before Christmas. J’aurais vu tous ses long-métrages, à un film près : James et la pêche géante.
J’avais envie de regarder quelque chose d’un peu plus léger, après toutes les œuvres sombres que j’ai vu ou lu récemment.
Je l’ignorais jusqu’alors, James et la pêche géante est l’adaptation d’un livre de Roald Dahl, et quand j’ai vu son nom au générique, j’ai commencé à grincer des dents, en raison du souvenir affreux que j’ai de l’adaptation de Matilda.
Le réalisateur a beau être différent ici, c’est le même style qui transparaît avec ce récit naïf pour enfants, qui emploie certains des mêmes dispositifs comiques faciles, un schéma narratif semblable, et un peu de lyrisme au rabais.
Un rhinocéros sort du ciel (???) et enlève les parents du jeune James, qui, comme dans Matilda, se retrouve flanqué de tuteurs exécrables : deux tantes acariâtres qui le maltraitent, le font travailler, et cherchent à briser ses rêves.
C’est déjà tellement vu et revu, mais en plus les personnages sont caricaturaux à l’extrême, et les actrices en rajoutent une couche en cabotinant ; déjà que les gags sont d’une lourdeur navrante…
C’est tellement cliché, on sait déjà où ça va mener : James va s’échapper de son quotidien gris et morose par le pouvoir de l’imaginaire, ou un truc dans ce style.
S’il y a au moins une chose à sauver dans ce début de film, qui est en live-action, c’est l’atmosphère créée par ces décors très soignés, mais à la facticité appuyée, qui évoque le monde des contes.
Sans raison, un inconnu apparaît à James et lui donne un sac de pâtes fusillis fluorescentes, qu’il prétend être des langues de crocodiles magiques (???). James les renverse, et elles font pousser une pêche géante sur un arbre à proximité. Et lorsqu’il entre dans le fruit, le garçon se transforme en personnage en stop-motion. Rien de tous ces évènements n’a de cohérence… mais ça a été un réel soulagement après cette transition vers le film d’animation, car j’ai enfin pu y prendre du plaisir, déjà rien qu’en voyant la qualité du design et du stop-motion ; même les éclairages d’ambiance sont soigneusement travaillés.
La caractérisation des habitants de la pêche est amusante, on trouve des archétypes humains apposés sur des insectes, … La coccinelle, "ladybug" en anglais, devient une dame maniérée, l’araignée une créature nocturne et solitaire.
Il y a quelques très bons gags (le coq qui voit le soleil se lever), et des situations inventives et barrées… même si là encore, c’est complètement random. En pleine mer, les personnages sont attaqués par un requin mécanique qui tire des harpons. Mais… pourquoi, comment ?
La première chanson du film m’avait horripilé, sûrement à cause de la voix du gosse, mais par la suite, même si elles véhiculent des messages mielleux sur l’amour et la famille, je les ai trouvés bien plus enthousiasmantes. D’autant plus qu’elles sont accompagnées de chorégraphies assez drôles.
Désenchantement quand on en revient au live-action à la fin, et qu’on retrouve les défauts du début, au sommet desquels ces deux tantes insupportables.
Ce qui est perturbant pour moi aussi, c’est que l’histoire ressemble tout du long à ce qu’un gamin imaginerait du monde, à partir de la perception déformée qu’il en a eu par des magazines, du ouï-dire, etc. Surtout lors de cette fin qui vire au pur n’importe quoi, quand on voit comment il s’imagine New York.
Du coup, je ne peux me défaire de l’idée que tout se passe uniquement dans la tête de James, qui s’imagine une vie meilleure parce qu’il est malheureux. Le pire étant qu’il ne sort pas de sa rêverie à la fin du film, il reste dans le déni.
C’est glauque.
Je suis donc partagé sur James et la pêche géante, mais au moins pour une fois il est aisé de séparer les parties du film qui ne vont pas de celles qui divertissent.