Difficile de parler de quelque chose qu’on ne connaît pas ou très mal. Mais allons-y, car ce court-métrage mérite quelques mots, même de la part d’un ignorant, d’autant plus que ce serait un des plus beaux films de jazz, rassemblant en 1944 quelques uns des plus grands jazzmen de l’époque.
Il s’agit d’une jam session de moins de dix minutes, où les musiciens nous proposent une prestation fort agréable à l’oreille, sans parler du travail cinématographique, sur lequel je reviendrai. On commence par un morceau de blues interprété par Lester Young, avec un sublime visage qui en dit long sur son état d’âme. Et quelle attitude, le saxo pas loin d‘être à l’horizontale, et le clope aux doigts ! Suit alors « On the sunny side of the street », interprétée par Marie Bryant, avant un morceau beaucoup plus jazzy illustré par un impressionnant numéro de danse.
Le film est très bien rythmé, et sa réalisation superbe. Gjon Mili, photographe albanais émigré aux Etats-Unis, fait preuve d’un remarquable sens de la composition et d‘une réelle inventivité. Le travail sur la lumière dans ce film noir et blanc est prodigieux, avec de nombreux effets, des contrastes qui mettent en valeur les visages noirs des musiciens (dont celui d’un guitariste blanc, Barney Kessel, dont la couleur de peau est masquée au mieux !). Les plans, les lumières, les couleurs et d’autres effets alternent avec fluidité, comme ces plans des danseurs habillés en noir devant un fond noir, ou plus loin devant un fond blanc, mettant en valeur leurs silhouettes, avec le trompettiste de profil au premier plan.
Bref, ce film est un vrai régal, qui se termine de plus par un chouette sourire (celui du batteur, suivi de celui du spectateur). Amoureux de jazz, précipitez-vous !
https://www.youtube.com/watch?v=2v_Y3Pbiims
Pour les spécialistes, vous y verrez "Prez" Lester Young, Harry "Sweets" Edison, Illinois Jacquet, Red Callender, John Simmons, Marlowe Morris, Jo Jones, Sydney Catlett, Barney Kessel, mais aussi Marie Bryant (chant-danse) et Archie Savage (danse).