Le western se fait rare sur nos écrans, mais semble surtout ne plus avoir les moyens de nous offrir une oeuvre captivante, comme si on avait fait le tour du genre. Jane Got a Gun ne va pas déroger à la règle. C'est beau, grâce à une belle lumière, photographie et la réalisation de Gavin O'Connor. Mais l'histoire se révèle faussement originale et va accumuler les poncifs, avec une romance sans saveur.
Jane Hammond (Natalie Portman) vit au Nouveau-Mexique avec son homme Bill Hammond (Noah Emmerich) et leur petite fille. Il va revenir cribler de balles et poursuivi par la bande de John Bishop (Ewan McGregor). Elle va devoir défendre sa terre face à ses hommes, qu'ils fuient depuis des années.
Natalie Portman ne se salit jamais. Cela peut sembler un détail, mais dans l'Ouest sauvage où le vent soulève la poussière, elle reste impeccable. On s'attend à découvrir une femme forte, à une version plus glamour de Calamity Jane et on se retrouve avec une frêle cowgirl manucurée au brushing presque impeccable. Pourtant, elle endosse rapidement une tenue noire et arbore un ceinturon où se trouve un colt, mais c'est juste un coup de bluff. Elle a besoin de l'aide d'un homme pour protéger sa maison. Elle va demander la protection de Dan Frost (Joel Edgerton), qui va refuser, avant de revenir sur sa décision et d’apparaître pile au moment, où elle est dans une situation assez délicate.
C'est du déjà-vu et revu. La femme forte se révèle perdue, sans la présence d'un homme fort au regard bleu acier. Des flash-back nous explique pourquoi la bande de Bishop et sur leurs traces. On va aussi avoir d'autres révélations, avec une romance en fond. Cela se déclare son amour dans un champ de coton, avant de courir dans les bois, en riant bien fort pour démontrer la joie qui les habite. Le western devient un mélodrame terriblement ennuyeux, le décevant affrontement final et un twist poussif, nous permette de tenir jusqu'à la fin sans sombrer dans les profondeurs de son fauteuil.
Joel Edgerton est le seul à surnager dans ce western à la production très compliquée. Ce n'est jamais bon signe lorsque la réalisatrice Lynne Ramsay quitte le plateau dès le début du tournage. Ni quand le rôles masculins passe entre de nombreuses mains et que la sortie est sans cesse repoussée. Gavin O'Connor est venu à la rescousse. Il va un peu sauver la forme, sans que cela soit pour autant renversant. Le film pêche surtout par son scénario des plus classique. Natalie Portman est à la production et ne semble plus avoir très envie de se salir les mains. Elle donne l'impression d'avoir atteint le sommet de sa carrière en obtenant l'oscar pour son rôle dans Black Swan. Elle se repose sur ses lauriers et semble être plus préoccuper par sa manucure. Elle est devenue l'égérie de Dior, cela l'empêche peut-être d’apparaître au naturel et de mettre son physique à rude épreuve. Le problème, c'est qu'elle n'offre rien en terme de jeu. Sa crise en apprenant une mauvaise nouvelle ne plaide pas en sa faveur. Elle a laissé son talent sur le plateau de Black Swan, ce serait bien qu'elle aille le récupérer au plus vite, avant de ne devenir qu'une belle femme.
Les chevaux au galop, avec la poussière se soulevant sur leurs passages, c'est beau. Les soleils couchants dans l'Ouest américain, c'est aussi beau. La détresse dans les yeux de Natalie Portman et la dureté dans celui de Joel Edgerton, c'est pas mal aussi. En dehors de ça, on a un méchant interprété par un Ewan McGregor méconnaissable. Il ne restera pas dans les annales, pas vraiment impressionnant, on l'oubliera rapidement, tout comme ce western des plus banal et bancal.
Gavin O'Connor mérite d'hériter d'une oeuvre plus intéressante, avec Joel Edgerton devant sa caméra, tant il est un des rares à savoir le mettre en valeur. Dommage que malgré son statut de productrice et d'actrice principale, Natalie Portman n'en profite pas pour en faire un personnage fort. Jane à une arme, mais pas de talent.