Je vous présente ici l'une des petites déconvenues de mon année cinématographique.
Pour la défense du film, il est vrai que le projet revient de très très loin. Problèmes d'argent, valse des réals et surtout des acteurs (à part Portman qui portait le projet depuis le début), "Jane got a gun" commençait avec un taux de poisse relativement élevé (disons 6 sur l'échelle d'"Alien 3"). C'est finalement Gavin O'Connor qui s'y colle.
Je me rappelle avoir été frustré par la mauvaise distribution du film en France (je l'avais raté lors de sa sortie ciné) mais, après la lecture des critiques, j'ai commencé à relativiser mon malheur.
Le pitch: Jane Hammond, une jeune femme mariée, habite un ranch avec sa fille et son mari. Le mari est attaqué par le gang de John Bishop (Ewan McGregor, méconnaissable en méchant moustachu). Le bonhomme hors d'état de combattre, Jane sait qu'elle a besoin d'aide pour défendre sa fille et son foyer. Elle va donc convaincre son ex (Joel Edgerton) de s'allier à elle pour vaincre les méchants bandits. Simple.
Premier problème: On nous a vendu un film sur une femme badass, forte, etc... Si Jane est en effet déterminée et courageuse, il n'en reste pas moins que son partenaire fait quand même quasiment tout le taff.
Autre gros souci: le titre. Il fait très "pulp", très "série B". On aurait pu s'attendre à un western dans la veine de ce que les Coen et Tarantino ont apporté au genre, fun, trash, et décomplexé. Mais non, ce film est un remake de "la petite maison dans la prairie" version western.
A grands coups de flashbacks mal dosés (introduits avec des transitions que George Lucas n'aurait pas reniées dans la prélogie), de phrases et de situations clichés, de platitude extrême dans une réal sans aucun génie (ça fait le taff, et encore...), "Jane Got a Gun" nous endort alors qu'il fait même pas 1h40. Jamais je n'aurai utilisé le terme de "classicisme" plus péjorativement.
Les scènes de fusillade sont parmi les plus molles que j'ai vu dans le genre, la confrontation est vide de toute tension tant l'issue est prévisible...et y a la révélation finale. Nulle et amenée avec la finesse d'un concert de Patrick Sébastien.
Qu'est ce qu'on peut tirer de positif de tout ça ? J'ai beaucoup aimé la scène d'ouverture et l'histoire du "upside down tree" (sans doute le seul moment du film où Portman a l'air convaincue par son rôle).
McGregor, malgré son temps à l'écran limité et l'écriture bancale de son personnage surnage, comme toujours, dans un océan d'acteurs au manque de motivation évident (Edgerton le premier).
On aurait pu apprécier les paysages de l'Ouest américain si les plans n'étaient pas aussi cut...dommage.
Le film commençait à développer la piste intéressante du rapport entre les deux hommes (le mari affaibli et l'ex revanchard), et on peut reconnaître au film son absence de manichéisme. Malheureusement, tout cela ne va pas très loin.
"Jane got a gun", s'il n'est pas honteux, est un film extrêmement décevant.
Promis, je m'attaque bientôt à la chronique de quelques unes de mes bonnes surprises de cette année !