"J'ai même pas tiré une seule balle..."
Voilà ce que ressent le personnage de Swofford une fois la mission accomplie, il s'est engagé dans les marines par bêtise, il aurait préféré la fac, et finalement une fois sur le terrain, la pulsion de tuer est au garde à vous. Pour certains il est impossible de s'en défaire car c'est ce qu'on nous promet, c'est pour ça qu'on nous forme. Alors on attend notre chance, notre ordre de toucher la cible au bout de notre lunette, et soudain arrive un plus haut gradé qui nous balance de tout arrêter, qu'il s'en occupe. Dépité d'être passé à coté d'une guerre dans laquelle il était pourtant aux premières loges, le Jarhead (traduit par Tête de bocal) Swofford ne pourras quand même pas retrouver une vie normale, son âme est restée dans le désert, comme celles de nombreux de ses compagnons.
Troisième film du grand Sam Mendes et surement sa plus belle claque esthétique, ici, pas de caméra brouillonne qui bourdonne dans tous les sens comme pas mal de film de guerre ou simplement d'action, uniquement des plans réfléchis et d'une force visuelle remarquable. Combien de fois durant le film je me suis dit "putain ce plan !", en plus de cela, la photographie terne et sèche ne fait que renforcer cette claque de haute volée.
Au début, on peut se dire "oh, un énième film sur la guerre...", c'est vrai, on peut se le dire, mais passé l'intro qui nous rappelle clairement Full Metal Jacket avec ce sergent instructeur chargé de faire de ses recrus des hommes, on se retrouve en pleine guerre du golfe à travers les yeux d'un gamin de 20 ans, et là on comprend que ce n'est pas qu'un simple et énième film sur la guerre.
"En pleine guerre", pas vraiment, pas du tout même, puisqu'on ne verra aucun combat armé durant ces 2h de film, à quoi bon de toute façon ? On a vu ça 100 fois, et on partage à la fin le sentiment du personnage principal, celui d'être passé à coté de l'action, du sujet, d'avoir été exclu de cet événement qui ne se reproduira pas.
Sam Mendes adapte le livre du même nom écrit par Anthony Swofford, une histoire vraie en somme, et Mendes n'y va pas mollement pour l'adapter, il sort le grand jeu, une mise en scène précise, un cadre réfléchi et d'une force incroyable, une bande son qui n'est autre qu'un pur régal pour les oreilles, et un casting bluffant, Jake Gyllenhaal et Jamie Foxx pour ne citer qu'eux.
Dire que je n'étais pas pressé de le voir, va savoir pourquoi d'ailleurs car Mendes c'est pas n'importe qui, en tout cas, il me reste deux de ses films à voir, et je ne perdrais pas autant de temps pour me jeter dessus.
OUHA !