Après l’horreur du débarquement, le cauchemar des îles du Pacifique, l’enfer de la jungle vietnamienne, des hommes sont recrutés pour une nouvelle guerre. L’Irak, endetté, a décidé d’envahir le Koweït et les Etats-Unis envoient les marines protéger les puits de pétrole, source de richesse pour le Koweït. Les soldats sont envoyés dans le désert mais doivent attendre l’autorisation d’attaquer. Une attente qui va durer bien plus longtemps que prévu, très longtemps…
Le film commence de façon classique par un entraînement intensif sous le contrôle d’un chef militaire qui leur en fait baver et qui n’est pas sans rappeler celui de « Full metal jacket ». La particularité de cette guerre l’éloigne ensuite des autres films du genre. Ici le pire ennemi est l’ennui et l’attente. Les soldats se sentent seuls, loin de chez eux et de leurs proches, ils perdent de vue leur objectif, se sentent inutiles. Les premiers tirs essuyés sont des tirs alliés les ayant confondus avec des ennemis (on estime qu’un quart des pertes serait du à des tirs amis…). La frustration gagne du terrain, certains craquent. Une guerre dont les objectifs sont avant tout politiques et plutôt confus. Mais entre les moments difficiles, ce sont aussi des moments de franche camaraderie où les soldats tentent comme ils peuvent de tuer l’ennui, en faisant la fête et en déconnant, en s’épaulant dans les moments dures.
« Toutes les guerres sont différentes. Toutes les guerres se ressemblent »
Ils étaient venu livrer une guerre, à la place ils se retrouvent à supporter la chaleur du désert, et les pluies de pétrole lorsque les puits ont été incendiés. Ils ont appris à se battre, mais ce n’est pas grâce à eux qu’ils ont gagné. Mais la souffrance, elle, ils l’ont bien vécue. Ils ont vu des cadavres carbonisés des civils, pataugeaient dans un pétrole toxique, vécu dans la peur des bombardements et des armes chimiques. La guerre les a marquée à jamais, et s’ils sont revenues, une partie de leur esprit est restée dans le désert.
Le film fait d’ailleurs référence de manière marquée à Apocalypse now, et même à Voyage au bout de l’enfer (deer hunter). Comme dans ce dernier, les futurs soldats sont d’abords excités à l’idée de tuer des ennemis, mais la guerre les fera bien vite changer d’attitude.
Malgré le peu d’action, à aucun moment on ne ressent d’ennuis grâce à une image soignée et une bande son sympathique. Les séquences des soldats dans le désert entourés par les jets de flammes des puits de pétrole et une fumée noire possédaient un aspect irréel. J’ai particulièrement été subjugué lorsque les deux soldats rentrent de nuit avec pour seule lumière ces flammes éclairant le sable d’une lueur rouge-orange. La composition de Jake Gyllenhal est juste, mais la réalisation lui vole la vedette.
« Jarhead » mélange donc efficacement les moments d’émotion et d’humour, pour une guerre particulière peu souvent montrée au cinéma.