Burne One Down
La chanson de la Burne Retrouver la Burne après tant d'années d'abstinence forcée, c'est chaud. C'est un peu comme retrouver un pote qu'on a perdu de vue sans se souvenir pourquoi. T'es là, souriant...
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le 14 mai 2017
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Pas du tout convaincu par la bande-annonce, je me suis pointé au ciné sans aucune attente (et avec 15 minutes d'avance aussi, ce qui m'a permis d'assister aux 10 dernières minutes du dernier Star Trek, bien contre mon gré.)
J'ai mis du temps à rentrer dans le film. Les premières minutes traînent le spectateur de pays en pays (avec les bons "plans monuments" cliché qui vont avec) et la confusion d'installe vite.
Heureusement, l'écriture intelligente finit par donner une cohérence à tout ça.
La scène de poursuite au beau milieu de la manifestation en Grèce est réellement virtuose. Alors que l'on pourrait penser que les précédents opus ont rendu toutes les esquives et astuces de Matt Damon éculées, on est encore surpris par la débrouille froide et la détermination du garçon (l'exemple du cocktail molotov lancé derrière lui pour semer ses poursuivants, le jeu de "chat/souris" avec les tramways, etc...).
Mais le film perd beaucoup en intensité vers son milieu pour une raison que je surnommerai le "CIA power". En effet, dans ce film, la CIA (dirigée par un Tommy Lee Jones alternant habilement entre paternalisme bienveillant et froideur extrême) a le bras extrêmement long. Je ne m'avancerai pas en disant que ce n'est pas le cas dans la réalité, mais leur capacité à repérer Bourne à n'importe quel moment, n'importe où, provoque des effets de répétition jouant en la défaveur de Greengrass. Schéma type: Bourne arrive à un endroit pour avoir des réponses sur un élément de sa vie, toutes les caméras de la ville/téléphones portables ont déjà été piratés par les méchants. Je ne suis ni espion ni informaticien, donc je peux me laisser arnaquer, mais laissez le respirer trois secondes, bon sang !
Le revers assez "positif" de cette triste médaille réside dans le fait que, bien que le héros donne son nom au film, il reste finalement assez effacé par rapport à un contexte plus vaste et intéressant. En effet, on se préoccupe moins des tentatives infructueuses de Bourne pour connaître son passé, que de de la galerie de personnages secondaires et des thématiques de la surveillance de masse, des collusions entre politiques et hommes d'affaires, et des lanceurs d'alerte dans une Amérique "Post-Snowden".
Pour ce qui est des personnages secondaires, leur force est l'absence de tout manichéisme. Par exemple, le PDG du "simili facebook" n'éprouve que tardivement des remords par rapport à son accord avec la CIA. Le personnage le plus intéressant reste sans doute celui de la jeune recrue de la CIA, brillamment interprétée par Alicia Vikander (découverte, pour ma part, dans "Ex Machina", dont j'ai d'ailleurs fait la chronique). Lorsqu'elle se rallie tardivement à Bourne, on peste sérieusement: "Quoi ?! La nana a assisté à l'assassinat d'une amie de Bourne et maintenant elle est de son côté comme par magie?"
Mais les choses sont plus complexes, comme en témoigne la scène finale, qui nous prouve que la petite a de la suite dans les idées, et que peu importe si elle est un peu moins pourrie que les autres, elle reste un obstacle pour Bourne.
Je vais encore parler de deux scènes qui m'ont marqué avant de passer aux majeurs défauts du film. La poursuite dans Londres où Vincent Cassel (employé par Tommy Lee Jones) assassine les agents de Vikander qui prenaient Bourne en filature est très forte. On ressent toute la détresse et l'impuissance de la jeune femme face à un patron qu'elle pensait digne de confiance.
La seconde scène est celle de la tentative d'assassinat du jeune PDG et tout ce qui en découle. Ca fait un peu déjà vu, notamment dans le dénouement, mais j'ai été captivé par cette séquence du début jusqu'à la fin.
Quant à ce qui ne va pas dans ce film...pas mal de choses, mais qui n'ont que peu altéré mon plaisir lors du visionnage.
A part le "CIA Power" dont j'ai déjà parlé, il y a une sensation de déjà vu qui fait tiquer. Le combat final entre Matt Damon et Cassel (impressionnant d'intensité et de violence) rappelle la scène du parking souterrain à la fin du second film. La confrontation dans un bureau avec le grand manitou de la CIA rappelle également ce même film. Greengrass a gardé ses tics de "caméra folle" pour la course-poursuite finale qui est à deux doigts de coller la migraine, etc...
Un autre défaut du film fait écho à mon titre. En effet, si certaines petites touches d'humour (certes infimes) arrivaient à percer dans la noirceur des précédents volets, celui-ci joue la carte du sérieux et du réalisme du début jusqu'à la fin (fin qui fait quand même un peu sourire).
Greengrass réalise le tour de force de nous faire croire aux situations qu'il déroule, avec cet ulta-réalisme, parfois presque digne d'un reportage (les scènes de manifestations, par exemple), mais parfois...un truc vient nous faire sortir du film.
C'est tout bête, mais le cliché du "agrandissez" sur une photo floue prise par les caméras de surveillance, qui apparaît immédiatement avec une netteté impeccable...ça devrait plus être autorisé depuis "Les experts". Quelques petites idioties de ce style brisent ponctuellement la noirceur profonde, parfaitement mise en place par Greengrass (je pourrais citer le coup du téléphone piraté à distance en quelques secondes...). Au final, on rejoint un peu le problème du "CIA power".
Peut être que le grand écran a contribué à m'en mettre plein les yeux, mais j'ai aimé ce "Jason Bourne" malgré ses défauts évidents. Paul Greengrass, conscient que le personnage de Matt Damon n'avait plus grand chose à apporter à la saga, a développé une galerie de personnages intéressants autour de lui. Et puis, il y a ce savoir faire pour filmer les scènes de foules, faire monter la tension, donner une véritable identité visuelle et psychologique au film.
Du bon, donc.
(ma note graviterait plus autour de 6,5/10)
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Créée
le 30 août 2016
Critique lue 377 fois
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