Entre Enfer Plus et En Faire Trop

Passé de Paramount à New Line Cinéma, Jason poursuit donc ses aventures avec un neuvième opus qui abandonne Vendredi 13 dans son titre pour simplement mettre en vedette le célèbre tueur au masque de hockey sous le titre de Jason Goes To Hell. Pour la petite histoire si New Line a racheté le personnage de Jason il n'a en revanche aucunement le droit d’utiliser le titre Vendredi 13. Sean S Cunningham revient au poste de producteur avec la volonté de quasiment oublier les sept films qui ont suivis le sien et la fabrication du film est confiée à des quasi-débutants que ce soit en tant que réalisateur et scénaristes. En France et pour le première fois pour la saga, le film ne sortira pas en salles et sera balancé directement en VHS.

Dans Jason Goes To Hell nous allons découvrir que Jason est une sorte d'entité maléfique capable de passer de corps en corps jusqu'à retrouver sa forme initiale. Afin de l'empêcher d'accéder à l'immortalité un chasseur de prime révèle son terrible secret et la manière de définitivement le supprimer...

On na va pas se mentir ce Jason Goes To Hell est un monstrueux bordel scénaristique tiraillé entre la volonté de Sean S Cunningham de foutre à la poubelle les sept films précédents pour revenir à une dimension familiale permettant d'étendre la mythologie du clan Voorhees, des scénaristes en roue libre avec de multiplies réécritures et Adam Marcus un scénariste et réalisateur chien fou de 23 ans souhaitant mettre un grand coup de pied dans l'univers juste pour le fun. On va tout de même échapper à un Jason Takes L.A. avec une guerre des gangs ou à l'apparition du frère jumeau maléfique de Jason... Après, Ils ont du se dire qu'ils avaient déjà suffisamment de conneries accumulées dans le scénario actuelle et que plus ce serait de la gourmandise. Alors bien sûr on sent une volonté de rebooster la saga avec plein d'idées nouvelles mais elles sont objectivement toutes plus mauvaises les unes que les autres. Passe encore pour le tout début du film certes très con mais assez amusant avec la meuf du F.B.I. qui joue l’appât en prenant un bain dans une cabane en bois pour que finalement Jason pris au piège se fasse exploser par un missile, c'est même assez couillu de commencer par la mort de Jason. Pour le reste on a la sensation que ce Jason Goes to Hell enquille les mauvais choix comme des perles et l'on regarde le tout un peu éberlué par l’improbable résultat. Jason devient donc une sorte de parasite qui se transmet d'hôte en hôte dans une mécanique qui rappelle The Hidden bien que forcément Adam Marcus se défende d'avoir vu le film et de s'en être inspiré. Après tout pourquoi pas l'idée que le mal puisse se transmettre était déjà esquisser dans la quatrième Vendredi 13. Ensuite, toute cette histoire avec la sœur de Jason et le mode d'emploi pour le buter avec une dague magique est tellement mal écrit et amené au forceps que c'est impossible de le prendre un minimum au sérieux. On pourra aussi s'amuser d'une scène érotico crypto-gay tendance SM soft avec un gros moustachu poilu attaché au coin d'un feu de cheminée tandis que Jason lui rase énergiquement la moustache. Une séquence bien WTF que le réalisateur défend non sans ironie en disant au moins on lui en parle encore et qu'il aura en bien ou en mal marqué les esprits. On notera aussi quelques ponts thématiques avec Les Griffes de la Nuit et Evil Dead avec l'apparition du livre des morts dans la maison de Voorhees et bien sûr le final faisant intervenir le bras du célèbre griffu à pull rayé, à noter aussi le personnage Robert Campbell double référence à Robert Englund et Bruce Campbell. Je n'ai rien contre les univers foutraque qui partent un peu dans tous les sens mais dans le cas de Jason Goes To Hell j'aurai préféré avoir au moins une structure solide et des personnages plus consistants pour que ça se tienne globalement un peu plus la route.

Je sais que ce Jason Goes To Hell est souvent considéré comme le pire film de la saga et pour être honnête avant de le revoir, avec les vagues souvenirs positifs que j'en gardais, je pensais que j'allais pouvoir réévaluer et défendre le film, mais en fait non ! Il reste tout de même deux trois points que j'aime beaucoup dans ce film de transition entre Paramount et New Line et quasiment mis en chantier en attendant de finaliser les droits de Freddy VS Jason. Tout d'abord le film comporte un bon petit paquet de séquence gore ultra graphique et vraiment impressionnantes. Le boulot de Gregg Nicotero et Robert Kurtzman permet de largement relever le niveau du film avec peut être le meurtre le plus marquant de toute la saga avec cette fille coupée en deux dans le sens de la hauteur en pleine extase alors qu'elle chevauche son petit ami. Une scène qui d'ailleurs a été rajouter après le tournage histoire de mettre un peu plus de nichons et de gore à l'écran. Si j'ai une petit tendresse coupable pour ce neuvième film de la saga c'est essentiellement parce que c'est le plus gore de tous avec fracture ouverte du bras, cassage de tronches et des mecs qui fondent comme un vieux mister Freeze un jour de canicule, de quoi largement faire passer la pilule sur d'autres aspects moins reluisants. J'aime également beaucoup le look de Jason , même si il n’apparaît que très peu à l'écran, avec ce masque qui semble avoir totalement fusionné avec les chairs de son visage et puis le final avec ces bras qui sortent de terre pour venir chopper Jason et l'attirer vers les enfers est aussi très classe et très réussi. Alors bien sûr ces maigres arguments ne font pas de Jason Goes To Hell un bon film mais c'est déjà mieux que le précédent qui n'avait rien du tout à proposer (ou si peu).

Jason Goes To Hell tout comme le futur Jason X ressemblent un peu à des films venus combler le vide en attendant de finaliser le projet de Freddy VS Jason qui court tout de même depuis cinq ou six ans. Même si l'ensemble est assez mauvais, un peu laid, desservi par des effets numériques ringards et souvent un peu con, y-a encore moyen de passer un pas trop mauvais moment pour le amateurs de gore qui tâche.